J’ai été invité par
l’entreprise MONT HOREB en partenariat avec l’UFR-Science Économique et Gestion
de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody pour participer à la 1ère
édition du forum scientifique international des sociétés coopératives
agricoles (F-COOP), tenue à Abidjan du 29 au 30 octobre 2019. La méthode était que
des invités étaient appeler à partager chacun une expérience réussie de coopérative
agricole. Nous avons dans un premier temps écouté les expériences réussies par
pays représenté. Ces expériences ont édifié toute l’assistance. Nous avions
donc la preuve que les coopératives sont l’outil par excellence de
développement de nos communautés et surtout dans des pays où la majorité de la
population est rurale. À titre d’exemple au Maroc, une coopérative laitière a
commencé avec 39 personnes et se retrouve avec plus de 4000 membres
aujourd’hui, avec près de 900 véhicules de distribution et dont le chiffre
d’affaire se compte à plusieurs millions de dina. Elle transforme et exporte
ses produits. Cela a fortement lutté contre la pauvreté dans ces localités et a
créé de l’emploie. Nous avons également senti que quand les acteurs s’organisent
bien et se battent, cela facilite l’intervention de l’État et des partenaires
au développement. Car il est difficile pour eux de suivre individuellement dans
notre contexte, des ruraux. Nous avons également compris que les coopératives peuvent
susciter la cohésion sociale. Elles peuvent même catalyser la protection de l’environnement
pour les générations futures par le professionnalisme qui permet aux coopérants
de réfléchir à court terme et à long terme.
Par la suite, nous avons
fait un diagnostic général des coopératives dans la sous-région. Unanimement,
il est ressorti que celles qui ont réussi étaient vraiment minoritaires. Malgré
l’existence de loi OHADA relative aux sociétés coopératives qui oblige tout le
monde à se conformer aux principes coopératives, la réalité est toute autre.
Toute coopérative créée doit pouvoir résoudre les problèmes communs de ses
membres. La première préoccupation d’une coopérative qui doit être l’augmentation
des rendements, de la qualité des produits et des revenus du producteur, n’est
pas toujours une réalité. C’est une des raisons fondamentales de la persistance
de la pauvreté et de l’exode rurale. Ce constat nous a pousser à énumérer les
différents problèmes récurrents qui minent ces coopératives agricoles : la
mauvaise constitution de la coopérative dès le départ en mettant de côté les
principes coopératives (racisme, religion, genre…), la mauvaise
gouvernance qui est souvent due au mauvais choix des dirigeants, le non-respect
des principes de l’économie qui prennent en compte les intérêts de tout le
monde, le non-respect des principes sociaux qui mettent l’humain en valeur dans
la société, l’accaparement des décisions par certains individus qui dirigent
plusieurs années la coopérative au mépris des principes coopératives,
l’influence négative de certains hommes politiques et partenaires,
l’improvisation de certains partenaires au développement qui suscitent la création de coopératives
sans que les membres n’aient bien compris (cela pose souvent plus tard, le
problème de l’appropriation), une mauvaise vision de l’avenir par une
coopérative qui ne prépare pas la relève, l’insuffisance et la mauvaise orientation
des appuis des États, le faible accès au crédit à taux réduit à court et à long
terme, la problématique foncière. La liste n’est pas exhaustive. Nous devions
donc faire des propositions d’amélioration de l’avenir de ces coopératives
agricoles. À l’unanimité, nous avions tous la conviction que la porte de sorti
du développement, c’est des coopératives bien gérées. Cela demande une
réflexion et un accompagnement. L’engagement a été donc pris par les
scientifiques et les professionnels, de continuer la réflexion et le partage
d’expériences. Nous n’avons pas occulté que dans tous les pays et institutions
africaines, il y’a toujours eu des initiatives. Mais la réalité est que la
pauvreté persiste. Pour nous, la place existe pour les scientifiques et les
professionnels que nous sommes, pour aider à influencer positivement ces
coopératives agricoles. C’est l’occasion pour moi de remercier ceux qui ont
réfléchis à initier et à organiser ce forum. Je remercie également les
scientifiques qui se sont mis au même niveau que les professionnels sans tabou.
Mes remerciements s’adressent également au ministère en charge de l’agriculture
de la Côte-d’Ivoire qui s’est engagé à soutenir cette réflexion et a grandement
ouvert la porte pour des échanges qui permettraient à l’Afrique de s’en sortir.
Ouagadougou, le 03 Novembre 2019
En tant que vétéran agricole
TRAORE François
Agriculteur
burkinabé
Docteur Honoris
Causa de l’Université de Gembloux
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