Du 03
au 04 juillet 2017, les chefs d’Etats africains se sont réunis pour discuter
sur la vision à donner à l’union africaine. Une de leurs décisions qui a retenu
mon attention est leur engagement pour l’autofinancement de cette union. Dans
la tradition africaine, et même dans nos coutumes, la fierté a toujours été que
son développement dépende de soi-même. C’est pour cela qu’avant que l’école ne
soit, la combativité pour la dignité était enseignée dans toutes les familles. Le
fait de taxer les produits importés, à mon avis, est aussi une bonne décision. Car
l’Afrique est devenue un marché mondial de consommation et d’écoulement de
toutes les surproductions manufacturées comme alimentaires. Dans cette
compétition, cette taxe ne fera reculer aucun vendeur pour ce marché juteux. J’ai
entendu des gens dire que cela pourrait faire augmenter les prix des produits
en Afrique. Personnellement, je ne crois pas à cette analyse. Pour moi, c’est
plutôt ceux qui n’accepteront pas cette taxe qui vont perdre leur marché au
profit d’autres vendeurs.
Après
cette rencontre des chefs d’Etat africains, j’ai suivi un débat sur la Radio
France Internationale (RFI) où des citoyens africains s’inquiétaient sur la
question de gestion efficiente et sans couloir de ces fonds issus des taxes. Effectivement,
le problème de la gouvernance est un grand handicap pour le développement en
Afrique. Et moi je plante le décor en disant que plusieurs hommes politiques ne
savent pas ce que signifie la bonne gouvernance. A mon avis, la bonne
gouvernance n’est pas seulement financière, elle se trouve aussi dans la vision
et le comportement. Quand un homme politique a une vision pour que sa nation se
développe, il a automatiquement un comportement par lequel il s’assume avec des
risques. Et l’exemple de Thomas SANKARA au Burkina Faso est typique pour
illustrer mon argument. Thomas SANKARA savait que pour le développement, il
fallait que nous travaillions dur en étant unis. Pour lui, il fallait bannir la
corruption et les détournements ; seul le bon comportement de l’humain
devait être sa valeur et non le copinage dans la malversation. Il savait aussi
le risque qu’il prenait en ayant une telle vision. Cependant il a toujours dit
à qui voulait l’entendre, qu’il était prêt à payer le prix pour sa nation et il
l’a payé en perdant sa vie. L’autre fait également, est que Thomas SANKARA n’a
pas été surpris par son sort. Par contre son successeur qui avait une vision
contraire à la sienne s’est fait surprendre par le peuple après 27 ans de règne
et se pose aujourd’hui la question à savoir « qu’est-ce qui est
arrivé ? ». J’ai toujours dit qu’il y a une différence entre un homme
intelligent et un homme malin. L’homme intelligent est celui qui sait que les
sorts des humains sont liés, il sait bien que le malheur de quelqu’un peut être
un jour le sien. L’homme malin est celui qui sait contourner les logiques,
quand une chose est noire, celui-ci est capable de vous démontrez qu’elle est
blanche, il dit ce qu’il ne fait pas et fait ce qu’il ne dit pas. Et le jour
que les hommes se rendront compte qu’ils ont toujours été bernés, ils se révolteront
contre lui. Aucun homme malin n’est à l’abri de cela.
Il y
a eu suffisamment de grands hommes dans le monde qui ont contribué à instaurer
dans l’humanité cet équilibre qu’il vit aujourd’hui. En France, il y a eu le
général DE GAULLES, aux États-Unis, il y a eu Martin Luther KING, en Inde il y
a eu Mahatma GANDHI. En Afrique il y en a également eu ; mais certains africains
n’ont pas du tout été compris : c’est le cas de Patrice LOMUNBA, Thomas
SANKARA et Hamilcar CABRAL. Seul Nelson MANDELA, qui a beaucoup souffert, a
fini par être compris et a démontré que les hommes sont égaux et doivent
pouvoir vivre ensemble dans une symbiose afin que le développement soit pour
tout le monde.
J’attire
donc l’attention de nos chefs d’États car je me donne l’espoir qu’ils peuvent
faire le développement en évitant certains comportements. J’ai été
particulièrement déçu du procès du vice-président de la Guinée Equatoriale pour
ses biens en France. Avec tout le développement en Guinée Equatoriale dont
parlent souvent certains médias, je pense qu’il n’avait pas besoin de tout cet
investissement en France. S’il avait, à la rigueur, fait cet investissement
dans un autre pays africain, il aurait créé de l’emploi pour la jeunesse
africaine. L’ancien président américain Barack OBAMA vient de s’acheter une
maison à Washington pour mieux suivre l’éducation et les études de ses filles
et cela se comprend très bien. L’autre comportement que je ne comprends pas non
plus est celui des anciens chefs d’États africains qui après le pouvoir
s’installent en Europe. Être le Président d’un pays traduit logiquement l’amour
qu’on porte à ce pays et après le pouvoir, on doit pouvoir s’y reposer
paisiblement parce qu’on a bien travaillé pour son développement. Un griot malien
dit qu’un homme de valeur doit avoir un comportement qui permet à tout le monde
de savoir ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas. Tous ces développements que je
viens de faire font partie des réflexions à prendre en compte pour une bonne
gouvernance. Les ressources naturelles de l’Afrique et la capacité intellectuelle
qui y existe de nos jours doivent conditionner la bonne gouvernance pour le
développement en Afrique.
En tant que
citoyen Burkinabé
Ouagadougou, le 21 juillet 2017
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com
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