Selon
l’abbé Mathias OUEDRAOGO, religion et éducation pour le développement vont
ensemble. Et il pense que pendant la période d’adolescence, si l’adolescent
n’est pas bien informé et orienté dans le bon sens il peut mal appréhender la
vie sociale et professionnelle, pour cela les adultes ont une responsabilité et
un rôle à jouer dans cette orientation. Du 15 au 17 juin 2017, ensemble avec
ses collègues, ils ont regroupé 600 jeunes, filles et garçons, élèves,
étudiants et paysans, pour échanger avec eux sur la vie, écouter leurs
préoccupations et leur donner des conseils. L’abbé Mathias OUEDRAOGO avait
également repéré des hommes dont l’expérience pouvait éclairer les jeunes et
leur permettre de poser des questions pour tirer leçon de cette expérience. Le
ministre de la jeunesse, ayant été informé de cette initiative, a tenu à être
personnellement présent et partager avec les jeunes la vision du gouvernement
pour la jeunesse. Pour lui, il n’y a pas de développement sans une bonne
éducation et formation des jeunes. Il a salué l’initiative et encouragé les
jeunes à évoluer avec courage et discipline. En tant qu’agriculteur, j’ai été
invité pour partager avec les jeunes sur mon expérience professionnelle et
sociale. Moi qui ai été chef de famille à l’âge de 15 ans lorsque mon père
avait perdu la vue, je sais bien ce que vaut l’expérience des adultes. J’aurais
pu demander à mon père pourquoi il était devenu aveugle et pourquoi notre
famille était pauvre. J’ai compris avec les conseils que toutes ces plaintes et
ces revendications ne servaient à rien, on m’a plutôt encouragé à me battre en
me disant que s’occuper de ses parents apportait des bénédictions à un jeune et
que cette combativité, avec les bénédictions, pouvait m’ouvrir des portes à
l’avenir. Je sais également qu’à cet âge, quand l’énergie déborde, la maitrise
de soi pour l’écoute n’est pas facile. C’est donc très volontiers que j’ai
échangé sur mon expérience avec ces jeunes tout en me rappelant que puisqu’on
m’en a donné je dois également donner.
Mon
intervention devait se baser sur le statut du jeune après l’insurrection. Pour
moi, l’insurrection est venue du « ras le bol » de la population
après 27 ans de mal gouvernance pendant lesquels la jeunesse était manipulée
soit par la « carotte » ou par le « bâton ». Dans la
fonction publique, la logique était de faire ce que la famille au pouvoir
voulait. Le bon comportement et la qualité de l’œuvre d’un travailleur ne
pouvaient plus le faire apprécier, un jeune qui n’était pas branché au réseau
du régime était laissé pour compte. Quant au paysans, ils étaient flattés par
des actions de forclore qui ne leur permettaient pas de bien valoriser leur
énergie pour augmenter leurs revenus, il y avait plutôt des conflits permanents
entre ces acteurs, souvent même créés par la politique. Cela a fait perdre
l’espoir à toute la population et particulièrement à la jeunesse. C’est
seulement l’insurrection qui était le passage obligatoire pour mettre fin à
cette dérive et j’ai appelé cela la solution extrême. Après cette insurrection,
il y a eu des élections et un nouveau gouvernement a été installé. A mon avis,
le peuple burkinabé et sa jeunesse doivent se remettre des séquelles de la
mauvaise gouvernance passée. Le patriotisme qui nous a conduit à nous révolter
contre un régime qui nous emmenait vers la dérive doit aussi faire de nous des
hommes intègres, aimant le travail et surtout celui bien fait dans une
discipline sociale en tout temps et en tout lieu pour faire démarrer la machine
du développement. Ce que nous constatons ce sont les grèves, l’incivisme, et souvent
même l’indiscipline dans les familles, dans la rue, dans les écoles. A mon
avis, cela ne nous emmènera pas au développement. Je suis conscient qu’il y a
des choses à corriger dans la gouvernance pour que le tort subit par cette
population ne revienne plus lui faire encore en subir. Et pour corriger ses
séquelles, les mauvaises actions d’éclat ne sont pas la solution. Un peuple en
voie de développement doit travailler à rattraper les autres qui se sont développés
et pour les rattraper il faut plutôt des sauts qualitatifs, ceux-ci ne
réussissent que quand nous les faisons tous ensemble dans la cohésion. Le
Burkina a tout pour réussir car sa population est majoritairement jeune et
c’est en ce sens que je trouve l’œuvre de l’abbé Mathias OUEDRAOGO salutaire
car il veut que les adultes soient responsables pour aider les jeunes à être conscients
au bon moment. Une jeunesse consciente qui utilise bien son énergie intellectuelle
et physique, c’est avec elle que le Burkina peut se développer et je suis sûr
qu’au Burkina il y aura le développement car ce n’est pas le courage qui manque
au peuple burkinabé.
En tant que vétéran
agricole Burkinabé
Ouagadougou, le 21 juin 2017
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire