Du
5 au 6 avril, j’ai participé à un atelier des dynamiques multi- acteurs autour
de la gouvernance dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Liptako-Gourman.
Des participants venaient du Mali, du Burkina et du Niger. Toutes les couches
sensibles de la société préoccupées par cette dynamique était représentées
(hommes politiques, organisations professionnelles des agriculteurs et
éleveurs, des ONG et associations). Invité en tant qu’agriculteur, j’ai trouvé
utile une telle réflexion qui n’est pas nouvelle et l’homme moderne doit le
savoir. Dans l’histoire de l’humanité, tous les peuples à un moment donné ont
su prélever dans la nature des denrées alimentaires qu’ils ont entretenues pour
se sécuriser et ne plus vivre que de cueillette et de chasse. Et c’est cela
l’histoire de l’agriculture et de l’élevage. A ce niveau les peuples
s’équivalent. Chaque groupe cible a su le faire et a adapté son alimentation à
ce qu’il peut produire. Et c’est la disponibilité de part et d’autre qui a
suscité les échanges et c’est comme cela qu’est né le commerce. Le commerce a
également suscité l’éveil car il fallait se déplacer souvent d’une localité à
une autre. Cela a eu des avantages sur la conscience de l’homme et des
inconvénients. Pour citer un inconvénient, les premières guerres ont été
souvent suscitées par les refus du partage des ressources ou par la volonté de
domination pour posséder un bien. La nature dans son évolution a favorisé
certaines activités et a également rendu d’autres difficiles. C’est ainsi qu’il
y a eu la neige dans certaines localités et le désert dans d’autres. Mais la
capacité et l’intelligence de l’homme lui ont permis et lui permettent toujours
aujourd’hui de réfléchir et de les surmonter, pourvu que les humains sachent
que leurs intérêts et leurs sorts sont liés.
Le
Liptako-Gourman situé entre les trois pays ci-dessus cité, est une zone essentiellement désertique mais avec
quand même des potentialités en agriculture et en élevage, et a également des
ressources souterraines et énergétiques. Ces activités sont aujourd’hui fortement
handicapées par la rareté des pluies et l’insécurité grandissante dans cette
zone. Les raisons de ces difficultés sont suffisamment discutées par ci par là
mais cette fois ci, c’était pour voir comment entre les différentes couches de la
société, ouvrir un dialogue permanent pour résoudre nos problèmes et rendre
possible la vie dans la convivialité dans ces localités et c’est seulement dans
ces conditions qu’on peut sécuriser les déplacements des hommes qui facilite la
sécurisation alimentaire et nutritionnelle. Unanimement, les participants se
sont accordés que dans un dialogue
permanent, où la considération des uns et des autres est bien acceptée la
complémentarité entre les acteurs est la solution qu’il faut pour venir à bout
de toutes ces difficultés. A titre d’exemple, les conflits agriculteurs
éleveurs sont très courants dans cette zone, pourtant à écouter certaines
structures professionnelles des projets d’usine de transformation d’aliment
bétail sont envisageables et envisagées alors qu’à mon avis pour faire de
l’aliment bétail il faut des produits végétaux venant de l’agriculture, produits professionnellement pour bien
ravitailler ces usines et c’est cela qui peut rendre fonctionnelle et permanente
cette usine de transformation aliment bétail. La disponibilité de l’aliment
bétail peut aider à la modernisation de l’élevage pour faire de l’élevage une
activité rentable et surtout que les mêmes structures parlent également de
laiterie alors qu’a mon avis l’animal qui n’est nourrit que par la nature ne
peut pas approvisionner continuellement une usine de laiterie alors on voit
tout de suite donc la complémentarité entre l’usine d’aliment bétail et la
laiterie. Voilà donc deux activités, l’agriculture et l’élevage qui si elles
sont bien organisées donnent de l’emploi à la jeunesse et rentabilisent
également le Liptako-Gourman.
Tout cela ne peut être
possible que quand il y a la bonne gouvernance. L’homme politique doit avoir la
volonté de travailler pour le développement et pour cela il doit être à l’écoute
de la population sans la diviser. Nous constatons souvent qu’avec la multitude
de parti, certains représentants politiques au moment des campagnes promettent des choses qu’ils n’accomplissent
pas. Ils doivent arrêter d’utiliser la misère de la population, de la diviser
pour avoir leur pouvoir. Pour certains hommes politiques, l’idéologie du développement
c’est par rapport à leur propre personne et leur entourage. Les hommes politiques doivent
travailler à rendre complémentaires les zones excédentaires en produits
céréaliers avec le Liptako-Gourman et faciliter cette transaction en réduisant
fortement les tracasseries. Cette bonne gouvernance doit également être prise
en compte par les structures professionnelles des acteurs, les associations et
même certaines ONG. Les difficultés dans le sahel ne sont pas une fatalité, car
l’humain conscient est capable de surmonter les difficultés. Il y a plusieurs
années, dans certains pays de l’occident, la neige tuait les humains et la
famine aussi. Aujourd’hui cela est une vielle histoire. Nous pouvons également
rentabiliser les potentialités du désert. Les ressources énergétiques et
naturelles existent et leur exploitation en prenant en compte l’intérêt de la
population peut contribuer fortement à l’acquisition d’emplois et de revenus.
Je sais que le monde moderne a besoin de tout cela. Un monde sans faim est bien
possible. Je remercie Madame Awa CISSE, la coordinatrice du projet sur le
Liptako-Gourman basé au Mali, son partenaire basé au Burkina monsieur Alidou
BANCE et la fondation Konrad- Adenauer- Stiftung qui a toujours lutté pour qu’il
y ait un monde sans faim. J’ai une reconnaissance particulière à tous les
participants de cet atelier qui ont tous contribué sincèrement pour la réussite
de cet atelier et qui ont donné une vision possible de la collaboration, et je
souhaite que cet engagement ne soit pas un feu de paille mais une détermination
à faire le changement dans le Liptako-Gourman.
En tant que citoyen
burkinabé
Ouagadougou, le 09 Avril 2017
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com
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