La grève fait partie des droits de
l’Homme libre surtout quand il travaille et est payé par une tierce personne ou
structure étatique. Dans la démocratie, l’Etat doit être préoccupé par le fait
que tout Homme doit avoir du travail et vivre décemment de ce travail. Au
Burkina Faso, cela fait près d’un an que dans les services étatiques et privés,
les grèves se succèdent et se chevauchent. En étant Agriculteur, donc un privé,
je suis ces mouvements de grève avec attention. Souvent, nous Agriculteurs,
nous sommes victimes. C’est le cas par exemple quand les enseignants et les
agents de santé grèvent. Je me suis donc trouvé dans l’obligation de faire une
analyse.
À mon avis, une partie du problème se
retrouve dans le changement de régime qui forcément doit amener une autre forme
de gouvernance. Pour se maintenir au pouvoir, l’ancien régime avait comme
système, le réseautage dans les services. En effet dans chaque service, il
fallait avoir un groupe d’Hommes acquis à sa cause et cela même pour camoufler
des faits malsains. Les éléments de ce réseau n’avaient pas forcément besoin
d’être des Hommes de qualité dans le travail et cela jouait forcément sur la
direction des services. Une partie des décorations se faisait par ce canal. Les
Hommes qui ne croyaient qu’au travail bien fait dans leur service étaient
souvent combattus s’ils n’étaient pas dans le réseau. Travailler pour l’intérêt
de la nation dont on fait partie avait perdu son sens. Si le Burkina existe
aujourd’hui, c’est parce que nos
ancêtres ont travaillé pour qu’il existe et du temps de nos ancêtres, les
louanges leurs étaient faites par rapport aux services rendus à la société. Pendant
l’ère Compaoré, on dirait que plus on se sert malhonnêtement pour avoir la
fortune, plus on a des louanges. Or le travail fait dans les règles de l’art
avec patriotisme et honnêteté était un fait ordinaire sous le règne de son
prédécesseur Sankara. Des travailleurs ont été brimés sous le système Compaoré.
Le régime actuel est en train de subir ces séquelles.
Face à cette situation que faut-il
faire ? Comme le travail honnête est le seul libérateur de l’homme, je
demande aux vaillants travailleurs malgré leur droit de grève qui est légitime,
de prioriser le travail et le dialogue. Chaque fois qu’un service s’arrête,
c’est une pièce de la machine du Burkina qui ne fonctionne pas ; alors que
le Burkina fait partie de la mondialisation qui bouge tous les jours. Un pays
comme le Burkina qui fait partie des pays les pauvres accroit son retard chaque
fois qu’il s’arrête pour grever. Cela va se répercuter sur nous et nos enfants car c’est le travail
que nous nous faisons aujourd’hui qui va créer le travail de demain pour nos
enfant. Sachons également que chaque fois que le Burkina s’arrête, les autres
pays continuent, personne ne nous attends. Certains font leurs bénéfices quand
nous sommes en train de nous chamailler. C’est ça aussi la règle non dite des
affaires.
Je demande aux différents chefs de
services et directeurs, de rompre avec le passé en bannissant le mensonge, les
intrigues et en reconnaissant le mérite du travail bien fait. Je souhaite
également que les chefs de services et les directeurs soient nommés par rapport
à leur qualité, leur honnêteté et leur
capacité de travail. Une nomination ne doit pas être qu’un privilège à
l’endroit de la personne à laquelle elle est accordée, mais elle doit avantager
le service dans sa bonne marche. J’ai l’habitude de dire qu’un leader ne se
sert pas mais il sert. Le nouveau Burkina se fera avec des burkinabés
conscients de ces principes de développement. Il faut la cohésion et l’honnêteté. Des pays comme la
Corée du sud et le Vietnam nous montrent un bon exemple. En Afrique certains
pays ont commencé à se faire respecter dans la bonne gouvernance et là je vous
laisse imaginer. Je souhaite qu’un jour le Burkina soit compté parmi ces pays
qui donnent le bon exemple.
En tant que
citoyen burkinabé
Ouagadougou, le 03 Novembre 2016
François B. TRAORE
Agriculteur Burkinabé
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com
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