Après le drame du 15 octobre 1987 dans
lequel le Président Thomas SANKARA a perdu la vie, Mme SANKARA était obligée de
s’exiler avec ses enfants. L’âge des enfants ne leur permettait pas de
comprendre réellement ce qui s’est passé au Burkina mais ils savaient tout
simplement que leur papa avait été tué. Voilà des innocents qu’on a privé de connaitre
leur Burkina et de connaitre leurs parents. A ce que je sache, jusqu’à
aujourd’hui, ils ne sont jamais revenus au Burkina Faso. On pourra peut-être le
démentir comme je ne suis pas proche de la famille SANKARA. Je ne finirai
jamais de remercier ceux qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à ce
que Mme SANKARA échappe avec ses enfants. Ceux qui étaient proches du Président
SANKARA idéologiquement ont été tués ou
mis en prison ou soit obligés de quitter le Burkina. Ceux qui sont restés
devaient être forts, prudents et stratégiques. Les règles juridiques étaient à
la dictat du nouveau pouvoir et dans ce nouveau pouvoir, un groupe très
restreint était le décideur et donnait l’ordre. À partir du soulèvement de
2014, les éléments de ce groupe restreint continuaient à se démasquer par ce
qu’ils n’admettaient pas que leur temps prenne fin. Ces faits dénotent que Mme SANKARA
devait être toujours prudente avec ses enfants. De nos jours, ses enfants sont devenus
grands. Avec le régime actuel, je pense que c’est le moment pour eux de
connaitre le Burkina et de connaitre leurs parents. Je demande à tous ceux qui
peuvent contribuer à ce qu’ils puissent avoir l’occasion de connaitre le
Burkina et leurs parents de le faire pour que leur punition s’arrête car ce
sont des burkinabés innocents. Selon l’information que j’ai, SANKARA, même
après ses 04 ans au pouvoir n’a pas de maison au Burkina. Même si ses enfants
doivent aller loger chez leurs grands-pères, ils doivent venir et peut-être
même se faire une maison.
Ces derniers temps, pendant que le Burkina
continue à subir des actions fomentées avec la complicité des éléments du RSP
de l’ancien système et de certains Hommes politiques, j’encourage le nouveau
régime à garder son calme pour pouvoir installer son système de gouvernance
pour lequel le peuple s’est battu. Ce nouveau système doit être basé en partie sur
la valorisation des ressources humaines, c’est-à-dire mettre l’Homme qu’il faut
à la place qu’il faut. Tout burkinabè conscient voit la différence entre le
début de l’ancien régime et celui de l’actuel régime. Après près d’un an de
pouvoir, malgré les coups d’état fomentés, le nouveau régime n’a pas commandé
la mort de quelqu’un jusqu’à aujourd’hui. Cela est une différence. Ceux qui
parlent de réconciliation doivent être capables de reconnaitre les fautes
commises dans le passé et celles commises aujourd’hui. Lors de la fameuse
journée du pardon (30 mars 2001), ce que j’ai entendu était que le pardon était
demandé pour tous les crimes commis depuis l’indépendance. Malheureusement ceux
qui étaient là et qui semblaient demander le pardon ont continué les crimes.
Que ce soit dans la tradition africaine ou dans les religions, quand on demande
pardon pour une faute, c’est pour ne plus jamais la commettre. Alors que là,
les crimes humains et économiques ont continué jusqu’en 2014. C’est pour cela
que le monde moderne a créé le droit. Si nous acceptons que des criminels de
grands chemins soit jugés et inculpés ; comme le droit est pour tout le
monde, acceptons que le droit soit dit. Le droit en cas de faute a prévu des sanctions
et tout acteur qui a perpétué le mal doit accepter la sanction. Cette sanction
serait pour corriger le fautif et prévenir celui qui n’a pas encore fauté.
J’encourage donc la justice à écouter le cri de cœur du peuple insurgé et à
dire le droit.
En tant que citoyen
burkinabé
Ouagadougou, le 13 novembre 2016
François B. TRAORE
Agriculteur Burkinabé
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com
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