Invité par l’Aid by Trade Foundation, la DEG et la GIZ, j’ai participé,
en tant que représentant de l’Association des Producteurs de Coton Africains (AProCA),
à la 8ème conférence des parties prenantes de
Cotton made in Africa (CmiA) et de la Competitive African Cotton
Initiative (COMPACI) qui s’est tenue à Cologne (Allemagne) du 24 au 26
septembre 2014. Plusieurs professionnels du monde de la transformation, des affaires,
des sphères politiques et des organisations paysannes ont pris part à cette
cession.
Le
premier jour de la conférence, les participants ont d’abord été informés du
déroulement du programme à la « mi-temps » de la seconde phase de COMPACI. Une
partie de la journée a été consacrée au développement de CmiA, ainsi qu’à ses
marchés de vente en Europe et en Amérique du Nord. Une présentation des chaînes
de valeur textile intégrées en Afrique subsaharienne et un panel de discussion entre
les détaillants de textile internationaux et les producteurs de coton africains
ont également eu lieu.
La question de l’expansion du coton en tant
qu’instrument permettant de promouvoir la production de culture vivrière, ainsi
que celle de savoir comment réduire l’utilisation des pesticides dangereux dans
la production cotonnière ont fait partie des principaux points abordés le 25
septembre (deuxième jour).
En tant que producteur, j’ai retenu que les
différentes initiatives de CmiA/COMPACI ont permis de remonter le niveau de
professionnalisme des agriculteurs qui ont été touchés, en termes de
productivité, de préservation de l’écosystème et ont abouti à l’augmentation de
leurs revenus. Pour la sécurité alimentaire, il a été reconnu que les rotations
coton-céréales ou céréales-coton étaient nécessaires pour optimiser la
productivité du cotonnier d’une part, et indispensable d’autres part, en termes
d’alimentation et de diversification des sources de revenus pour le producteur
qui devra approvisionner les zones déficitaires en céréales (maïs). Il a été donc
clairement accepté que la production du coton et celle du maïs ne sont pas
opposables, elles sont complémentaires pour le développement du milieu rural.
Pour
ce qui est de la protection phytosanitaire, le système BCI, le système Cotton
made in Africa et le système GIPD ainsi que la lutte biologique montrent que
l’utilisation des produits phytosanitaires dans la lutte contre les
déprédateurs des cultures peut être réduite afin de limiter davantage les
risques sur la santé de l’utilisateur, du consommateur et de préserver l’environnement,
tout en maintenant la productivité des cultures.
Pour le représentant de BAYER, l’Afrique n’est pas
un grand utilisateur de pesticides de nos jours. Car de nos jours, une grande
partie des aliments comme le riz, le blé (pain) et même le maïs sont importés
par les pays africains. Ces aliments sont produits en utilisant des grandes
quantités d’engrais et de pesticides en Occident. À titre d’exemple, selon
certains statisticiens, il y’a près de soixante (60) fois la superficie de la
France dans l’Afrique, mais la France à elle seule utilise six (6) fois
plus de pesticides que toute l’Afrique. Pourtant le surplus de la production de
ces pays occidentaux est importé en Afrique sans qu’une question de condition
de production ne soit imposée à ces fournisseurs.
Pour
ce qui est de la transformation, les premiers partenaires des agriculteurs
étant les égreneurs, une bonne collaboration entre les agriculteurs et ces
derniers, chacun jouant parfaitement son rôle, peut permettre non seulement le
fonctionnement d’un bon système de traçabilité mais aussi de préserver de la
qualité du coton. Le système BCI et le système Made in Africa ont été pris
comme exemples qui ont permis une ouverture de marché et qui ont contribué à la
crédibilité du coton africain vis-à-vis du monde du textile.
Les transformateurs du coton en textiles sont les
derniers maillons de la transformation. Il est reconnu que plus de 90% du coton
africain est vendu et transformé à l’extérieur. Vlisco, un partenaire de CmiA,
fait partie des transformateurs de coton qui sont bien connus par les
consommateurs africains. Selon cette société, près de 90% de leur textile est
vendu en Afrique. C’est ce que les africains appellent « Wax
hollandais ». Ces transformateurs du coton en textiles, parmi lesquelles
figure Vlisco, trouvaient que ce n’est pas normal que le coton africain ne soit
pas transformé en Afrique. Non seulement il est possible de le faire et on doit
le faire. Ils se sont donc installés en Éthiopie, en Ouganda, au Cameroun… Selon
eux, les pays de l’Afrique de l’Est offrent des conditions favorables à la
transformation du coton africain. Cela leur permet de former et d’employer des
jeunes africains, car ils ne trouvent pas normale que les africains produisent
le coton et que sa transformation ne procure pas des emplois pour la jeunesse
africaine. Certains de ces transformateurs locaux du coton africain ont même
dit qu’une partie de leur bonheur est comblé chaque fois qu’ils voient que leurs
employés africains font vivre correctement leur familles à travers l’emploie dans
la transformation du coton.
Selon
Vlisco, c’est la qualité du coton
(caractéristiques de la fibre) qui est l’élément le plus important dans la
chaine de transformation. À propos des systèmes de production qui ont été cités, Vlisco trouve que ses
consommateurs finaux ne se préoccupent pas de comment leur coton a été produit.
Cela m’oblige à dire que les systèmes de production ne doivent pas empêcher
l’augmentation de la quantité du coton africain car de nos jours, c’est en Afrique
qu’il y’a de la place pour cela. L’Inde et la Chine commencent à être limitées
dans la production du coton par la pression démographique et le fait qu’ils
doivent réserver une grande partie de leurs terres pour la production céréalière.
C’est donc le Brésil et l’Afrique qui peuvent augmenter leur quantité de
production cotonnière. Tout le monde sait que le Brésil est dans la haute technologie pour une bonne
productivité du cotonnier (rendement de plus de 4t/ha). Personne ne peut leur
donner des leçons de système de production.
Par ailleurs, je viens d’apprendre que la plainte
déposée par le brésil contre la subvention cotonnière contre les Américains,
vient de trouver un dénouement. Le Brésil va être dédommagé par l’Amérique. Les
producteurs africains que nous sommes, avions lancé l’appel contre les
subventions américaines et européennes. Après plusieurs rounds de négociations
à l’OMC, on n’est pas arrivé à donner raison à l’Afrique. L’Afrique ne doit pas
rester ce grand continent passif dans le commerce mondial. Quelqu’un m’a dit
que si l’Afrique augmente sa part dans le commerce mondiale de 1%, cela dépasse
toute l’aide qu’on l’offre. Je suis pour l’aide mais l’aide ne doit pas
remplacer le commerce.
Ouagadougou, le 06 octobre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Président d’honneur de
l’AProCA,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
Skype: dadilotbf52
Facebook : dadilotbf52
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25
BURKINA FASO
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