La
population du Burkina Faso est composée de plusieurs ethnies et chacune de ces
ethnies avaient des coutumes (traditions). Ces coutumes contenaient des
initiations obligatoires pour assurer une transmission fidèle des règles de
conduite. L’arrivée des religions a eu des impacts sur la tradition. Si on
réalise une étude dans chacune des coutumes et des religions, on se
rendra compte que les règles fondamentales d’une société étaient respectées.
Parmi ces valeurs, on peut citer le caractère sacré de l’être humain, le
respect de la hiérarchie entre père et fils, l’amour entre les uns et les
autres au sein d’une famille d’une part, et d’autre part, avec les autres
familles, la cohésion dans le village et le bon voisinage entre villages
voisins. La parenté à plaisanterie a été adoptée pour aplanir les conflits
entre villages voisins ou entre ethnies différentes.
Il
y avait quand même des individus qui malgré l’éducation et leur initiation,
violaient ces règles communautaires. Pour cela, des sanctions étaient
prévues. Ces sanctions pouvaient être par exemple d’ordre matériel (un poulet,
une chèvre, du dolo), pour certaines religions ça pouvait être une suspension
de la communauté. La sanction extrême de toutes ces entités étaient le
bannissement. L’ensemble de ces sanctions étaient valables pour toutes les
catégories de personnes vivantes dans la société.
L’analyse
de la situation sociale actuelle au Burkina Faso me fait dire que la transition
entre la tradition et la modernité n’a pas été bien faite ; nous devrions
retenir les bonnes règles traditionnelles et les améliorer par rapport à
l’évolution de notre civilisation.
La
période de la modernisation de notre population que je peux citer a commencé
avec la colonisation. À cette époque, des jeunes ont été choisis par le colon
pour être des soldats sous le regard impuissant de leurs parents; ces
jeunes ont été formés pour aller en guerre. Après cette phase de formation
militaire des jeunes africains, il y a eu l’arrivée de l’école de
« l’homme blanc ». Ces écoles étaient soit initiées par les colons,
soit par les religieux. La plus part des soldats et des élèves burkinabés
étaient initiés aux traditions avant de partir. Cette double expérience vécue
par ces jeunes a forcément fait d’eux, une autre catégorie d’Hommes. Car ils
sont à cheval entre la tradition et la modernité ; les règles de
discipline nouvelles étant venues s’ajouter. Ces nouvelles règles étaient
ignorées par l’autre couche de la population qui n’a eu accès à l’école.
Après
l’indépendance, nous avons eu des régimes qui s’inspiraient de ces deux
réalités pour créer une philosophie du développement de la nation burkinabé, et
ce, jusqu'à l’avènement du 15 octobre 1987. Un avènement sur lequel, la
population n’a pas eu la même compréhension et il fallait pourtant gouverner et
la faire adhérer au processus. Selon le public cible, différentes méthodes ont
été utilisées pour convaincre la population. Ce qui l’a poussé à adhérer. À partir
de ce moment, une philosophie d’éducation de la population devait être mise en
place pour mettre en confiance la population, encourager une bonne éducation,
la sociabilité, l’intégrité, le patriotisme etc. Malheureusement, les
stratégies utilisées telles que la violence, la corruption, les détournements
des biens publics, la gabegie, le népotisme, le clientélisme, l’intimidation,
l’installation de la psychose de la peur pour faire adhérer le peuple burkinabè
au système n’ont pas facilement permis de cultiver ces valeurs sociales
du Burkina Faso d’autrefois et d’améliorer significativement la qualité de
l’éducation.
Le
résultat de ce système est l’incivisme croissant dans le pays. On a assisté à
des détournements et à des crimes impunis par certains responsables. La justice
est taxée de complice ou d’impuissante dans cette situation. Le phénomène
récurent, c’est de se faire justice soit même. En effet, lorsqu’un accident
causé par un véhicule survient, le véhicule est immédiatement brûlé. Dans les
conflits agriculteurs/ éleveurs, on constate des pertes de vies humaines et de
bien matériels. Les évènements de 2008 contre la vie chère, ceux de 2011 sont
aussi illustratifs : feux tricolores cassés, véhicules et bâtiments
incendiés etc.
Depuis
1987, certaines personnalités burkinabés comme Joseph KI-ZERBO, Laurent BADO,
Bénéwendé SANKARA, Etienne TRAORÉ, Hama Arba DIALLO, Norbert TIENDÉBRÉOGO… ont
refusé de suivre le navire. D’autres tels que Zéphirin DIABRÉ, Ablassé
OUÉDRAOGO… ont adhéré croyant influé à un moment donné positivement le système.
Ils ont été débarqués ou ont quitté. Les plus patients qui ont résisté pensant
toujours à un changement positif et qui finalement n’avaient plus d’espoir, ont
fini par quitter. Ils se retrouvent aujourd’hui dans le Mouvement du Peuple
pour le Progrès (MPP).
Mon
cri de cœur ! Hommes politiques, religieux et de la société civile, vous
êtes sollicités à créer une philosophie nouvelle qui permet de conscientiser le
peuple en commençant par les dirigeants pour que l’intégrité dont nous nous
réclamons, soit une réalité. Nos ancêtres ne comprendrons pas qu’à leur temps,
ils l’ont défendu et qu’à notre tour, femmes et hommes civilisés, nous n’y arrivons
pas.
Lors
du passage du président américain Barak OBAMA au Ghana, il a dit que l’Afrique
n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes. Ceux qu’il appelle à
mon avis, hommes forts ne sont pas à confondre aux leaders. MOBUTU était un
homme fort mais Nelson MANDELA, Martin Luther KING, Mahatma GANDHI étaient des
leaders. Ce sont eux qui créent les institutions fortes. Ce type de leaders, nous
en avons besoin au pays des Hommes intègres. Ils ont l’habitude de créer
des institutions fortes et éclairent tout le monde afin que chacun soit à un
niveau de compréhension pour la cause commune. Pour MANDELA, le bonheur est
pour tout le monde, mais le malheur est à combattre si possible pacifiquement.
Ouagadougou,
le 04 août 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de
Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
Skype:dadilotbf52
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16 25
BURKINA FASO
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