Dans
la société civile africaine, nous avons deux groupes d’acteurs. Ceux qui ont pu
allez à l’école et ceux qui n’ont pas eu l’occasion d’y aller. Ceux qui n’ont
pas pu aller à l’école ont eu leur formation idéologique soit au village à
travers la tradition, ou soit dans la société. Car, il y a cent ans de cela, un
villageois pouvait naître, grandir et vieillir sans avoir quitté son village ou
sa région. De nos jours, ce n’est plus le cas. Sur cent personnes, près de la
moitié a déjà connu une autre région ou un autre pays. La collaboration qui se
limitait entre famille ou entre villageois s’est étendue à ceux qui sont ni de
la famille et ni du village. L’intérêt du villageois s’est donc élargit à
d’autres. Cela a tendance à créer une philosophie de développement que j’appelle
politique.
Après
les indépendances, ceux qui ont pris le pouvoir administratif étaient ceux qui
étaient allés à l’école. Jusqu’à nos jours, à l’heure de la démocratie, ce sont
les mêmes qui gouvernent. Les ressources naturelles africaines sont entrain
d’être exploitées. Toutes les évaluations de l’exploitation de cette richesse montrent que la société civile ne bénéficie pas
assez des résultats de cette exploitation. L’Afrique est le continent où les
jeunes sont majoritaires. L’exploitation de cette richesse ne permet pas d’employer
toute cette jeunesse. La jeunesse africaine, au lieu d’être un avantage, est
devenue un inconvénient. La démocratie est aussi devenue un outil de campagne
politique mais pas un outil de développement. Tout cela est géré par une partie
de ceux qui ont été à l’école.
L’analyse de ces deux situations m’oblige à
donner mon avis par rapport à la politique pour le développement. Traditionnellement
en Afrique, la parole donnée d’un homme dans sa société était irrévocable. C’est
la crédibilité de l’engagement, la combativité qui était la fierté de notre
société. L’instruction et la modernité devraient être un plus pour cette
crédibilité. Malheureusement, c’est le contraire qui est souvent constaté. Le
fait d’être instruit donne l’opportunité à certains dirigeants de rendre plus obscurs les citoyens. Comme dans
la société civile africaine, certains citoyens sont instruits, d’autres, sans être instruits, sont
éveillés parce qu’ils se sont déplacés
ou parce qu’ils sont informés par les medias, la corruption est utilisée pour faire la politique.
Pour
moi, il y a corruption que lorsqu’on veut
avoir quelque chose qu’on ne mérite pas, ou soit, on veut s’engager sur quelque
chose qu’on ne va pas respecter. Cette façon de faire de l’homme politique
moderne a détruit toute la confiance dans les villages. La réalité est que dans
les villages, la politique se fait en distribuant des billets de banque. Comme
cette façon de faire du politique n’est pas souvent en lien avec les activités
des ruraux, après les élections, ce sont les citoyens qui vont vers
l’administration pour bénéficier de ses services tout en payant. Pendant cette
période post-électorale, le citoyen ne sait pas que c’est l’argent qu’il avait
reçu lors des campagnes électorales, qu’il rembourse. En effet, le citoyen se rend compte que les engagements
d’investissement ne sont pas tenus sans comprendre que c’est l’argent de cet
investissement qu’on lui partageait.
Pour
que tous ces faits changent, il faudrait que les citoyens africains comprennent qu’ils sont
tous des acteurs économiques. L’instruction et la politique doivent être au
service de leurs activités. Cela ne contredit pas la tradition, ce ne sont que
des outils que nous pouvons utiliser dans le bon sens pour aller plus
rapidement au développement. Avec la décentralisation, les habitants d’une
localité doivent savoir que c’est dans la cohésion qu’ils peuvent se développer.
Les qualités qu’ils doivent puiser dans la tradition pour faciliter la décentralisation
sont la crédibilité et le respect de la parole donnée. C’est en cela qu’ils ne
vont pas se faire tromper par les hommes politiques mal intentionnés. La
technologie a permis à ce qu’il ait des outils de communications modernes. Si
ces outils sont bien utilisés pour la conscientisation du citoyen, l’Afrique
peut prendre un raccourci pour arriver au développement. Nous avons les moyens
pour ça.
Ouagadougou,
le 25 août 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
Skype:dadilotbf52
(+226) 70 95 34
45
(+226) 78 50 16
25
BURKINA FASO
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