J’ai participé en tant que représentant de l’AProCA
à la 19e réunion du COS-Coton qui s’est ténue à Bruxelles du 02 au
03 juillet 2014. Il s’agissait essentiellement de faire le bilan des dix ans de
partenariat entre l’Union européenne et les pays ACP, et d’examiner l’état des
lieux de la mise en œuvre du Programme de consolidation du cadre d’action pour
le partenariat UE-Afrique sur le coton. Ce programme vise à contribuer à l’amélioration
durable de la compétitivité, de la valeur ajoutée, et de la viabilité des
filières cotonnières africaines, de manière à optimiser l’impact sur le revenu
des producteurs. Dans ce sens, les principales activités des organisations
professionnelles régionales (AProCA, ACA, ACTIF, MoZaZiMa) ont fait l’objet de
communications par leurs représentants respectifs. Au cours de la présente
réunion du COS-Coton, la question des négociations commerciales sur le coton à
l’OMC a été également abordée. Unanimement, l’assemblée a souhaité que ces
négociations se poursuivent.
Dans l’agenda de la 19e réunion du COS-Coton,
figurait également la tenue de la 2e
réunion du Comité de Pilotage du Programme d’appui à la consolidation du cadre
d’action pour le partenariat UE-Afrique sur le coton. L’examen de l’évolution
des indicateurs de résultats (IOV) du
Programme a révélé qu’ils sont dans un état de progression satisfaisant dans
l’ensemble à la date du 30 juin 2014. En effet, les stratégies régionales coton
sont opérationnelles au niveau national et coordonnées en approche
panafricaine. Le renforcement des
capacités des associations professionnelles cotonnières en termes de
planification et de suivi de mise en œuvre des stratégies est dans une bonne
perspective. En revanche beaucoup
d’efforts restent à faire quant à la compétitivité interne et à la viabilité
des filières cotonnières africaines. L’amélioration de la productivité, de la
qualité du coton et l’accroissement de la valeur ajoutée par l’augmentation de
la transformation sur place sont des réceptacles solides pour atteindre ces
objectifs.
En tant que représentant de l’AProCA, j’ai suivi
avec intérêt les débats sur la transformation du coton. Pour le représentant de
la CEDEAO, l’Afrique ne doit pas continuer à produire le coton et à l’exporter.
Le coton africain doit être transformé
en Afrique.
En tant que producteur, j’ai également soulevé le
problème des intrants agricoles, essentiellement celui de l’engrais. On m’a
toujours dit que le problème de la transformation est le travail des sociétés privées.
Pourtant, pour moi, l’Afrique est le seul continent dont je sais qu’il a la
matière première pour fabriquer l’engrais sur place, mais qui continue à
l’importer. La majeure partie de ces matières premières sont exportées vers l’occident
pour être transformées, pour, ensuite, revenir en Afrique. C’est l’exemple du
phosphate au Togo. J’ai assisté à une rencontre de l’Union africaine à Banjul
pendant que Alpha Omar KONARÉ était à la
tête de l’Union. Au cours de ladite réunion, il avait rappelé les chefs d’États
africains sur leur engagement, datant depuis 1981, à fabriquer l’engrais pour les
producteurs.
Par rapport à cet engrais made in Africa et à la transformation du coton africain, le
président du COS-Coton a proposé de regrouper
les acteurs africains en Afrique pour faire une réflexion sur ces deux sujets.
Un des participants, tout en étant d’accord avec cette proposition, a dit que
pour la transformation du coton africain, il y avait des exemples de pays qui
le faisaient déjà (Éthiopie, Ouganda, Afrique du sud,...). Par ailleurs, il
pense que la concrétisation de la transformation du coton africain en Afrique n’est qu’une
question de volonté du politique de
chaque pays africain. L’intervention de ce dernier m’a fait penser à la Tunisie quand j’y étais de passage en 2012.
De l’aéroport à l’hôtel, j’ai discuté avec le taximan. Je lui ai posé la
question « qu’est-ce qui avait suscité les mouvements ?». Il m’a dit
que les raisons principales du soulèvement étaient que l’économie du pays était
dans la main de la famille présidentielle. Chaque société privée qui
envisageait s’installée dans le pays devait donner 50% de son capital à la
famille présidentielle sans qu’elle ne paie un sou. Cela veut dire que 50% du bénéfice des
sociétés privées lui reviennent automatiquement. Voilà un exemple qui existe un
peu partout en Afrique et qui empêche le privé de s’installer pour la
transformation des produits agricoles africains.
Dans chaque pays africain, un privé qu’il vienne de
l’extérieur ou de l’intérieur du pays, s’il veut s’installer, est obligé de
faire de la particularité en faveurs des gouvernants. Cela démunie la rentabilité
du privé. Souvent les privés ne sont même pas libres dans le recrutement de
leur personnel. Ils doivent parfois favoriser
les proches des gouvernants alors que, pour être rentable, une société professionnelle privée doit avoir une bonne gouvernance en s’appuyant
sur de la compétence capable de faire le boulot et d’être rentable. On me dira
que dans beaucoup de pays développés ou en voie de développement, il y a aussi des
« soudoiements ». Mais il est
évident que si ces pays se développent, c’est que la proportion d’ingérence du
politique dans la mise en place et le fonctionnement des entreprises privées
est faible. De même, si dans la
transformation des produits agricoles africaines, les gouvernants veulent se
remplir les poches individuellement, la population demeurera pauvre et sans
emploi. Or, il y a de la place pour
l’installation d’entreprises professionnelles capables de résorber le problème
d’emploi des jeunes en Afrique.
Je souhaite que les chefs d’États africains se démarquent
de cette façon de faire, pour permettre la promotion et le développement des
entreprises privées compétitives et capables de valoriser qualitativement et durablement les produits
agricoles et les ressources naturelles.
Ouagadougou, le 10 juillet 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa de l’Université de
Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
Skype:dadilotbf52
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16 25
BURKINA FASO
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