dimanche 22 juin 2014

Ce que je pense de la mise en œuvre de la stratégie coton-textile dans l’UEMOA

Les 11, 12, 13 juin 2014, j’ai participé en tant que représentant de l’AProCA, à la quatrième réunion du Comité de Suivi de la mise en œuvre de la stratégie coton-textile dans l’UEMOA.  Chaque  pays membre de l’UEMOA était représenté y compris les partenaires techniques et financiers. Cette rencontre organisée par la Commission de l’UEMOA à Koudougou avait essentiellement pour objectif de soumettre à la validation, la version actualisée du document de la stratégie pour la compétitivité de la filière coton-textile dans l’UEMOA, de faire au Comité de Suivi, le point de la mise en œuvre des recommandations de la troisième réunion et des activités prévues au titre du 1er trimestre  2014.

Dans la nouvelle stratégie adoptée, la vision des participants est de transformer annuellement 25% de la fibre produite dans l’Union à l’horizon 2025. Parmi les recommandations faites pour atteindre cet objectif, figure  la création d’un Fonds d’Investissement coton-textile (Fonds COTEX). Ce fonds apportera un appui financier aux PME et PMI  tout en prenant en charge la mise en place des conditions assouplies d’accès au crédit des acteurs de la filière coton-textile par la BOAD. Selon les participants, la promotion de l’artisanat dans l’espace UEMOA est une condition sine qua non pour la concrétisation de la transformation.  

En tant que représentant  de l’AProCA qui a participé aux différents débats sur le coton depuis 2003, je n’arrive pas à comprendre que nos États s’engagent en 2003 pour transformer annuellement 25% de la fibre à l’horizon  2010 et que le constat aujourd’hui en 2014, est que la transformation a même baissé puisque les usines textiles continuent à se fermer. Je me suis poser la question « C’est sur la base de quelle analyse ils avaient pris la décision »  car c’était à une période où on demandait aux autres de faire des efforts. C’est dans ce sens qu’il y a eu l’initiative de Paris où plusieurs partenaires se sont engagés à accompagner la filière cotonnière africaine.

Outre la cherté de l’énergie en Afrique, la formation de la main d’œuvre qualifiée, le problème de la vente des friperies en Afrique a été également cité comme difficulté. Alors que je pense que l’achat de la friperie par la population n’est que lié à la pauvreté. Tant que le nombre de pauvres va augmenter dans nos pays, les friperies seront toujours achetées au détriment du textile africain. Je sais qu’au village lorsque les gens ont l’argent, chacun veut se rendre chez le tailleur pour coudre un habit ou acheter un prêt-à-porter.

Tant que les engagements comme la lutte contre la pauvreté, le désenclavement en infrastructures et en énergie seront un effet de mode pour endormir la population, on va toujours continuer à pousser les années et nos politiques continueront à régner pendant que la population croupie dans la pauvreté. Depuis plusieurs années, j’ai fait cette interpellation sur l’énergie qui devrait être la chose la plus facile à acquérir en Afrique car les fleuves, le soleil et le vent qui peuvent produire de l’énergie propre et moins cher, sont monnaie courante sur le continent.

De nos jours l’Afrique compte environ un milliard de personnes. Les transformateurs du textile dans les autres continents savent que c’est un grand marché. Tant que la transformation du coton fibre africain ne sera pas une vraie volonté politique des dirigeants africains, l’Afrique continuera à être nourri, habillé et véhiculé par l’extérieur. Pourtant c’est en Afrique qu’il y a les ressources convoitées par le monde.

Dans les grands pays producteurs de coton comme les États-Unis, l’Inde et la Chine,  la raison principale de transformer le coton était d’abord d’habiller leur population. C’est lorsque cet objectif a été atteint qu’ils ont commencé à exporter. Grâce au fonctionnement des usines qui transforment les produits agricoles,  le problème de l’emploi a été  largement résolu dans ces pays. Il faut donc que nos dirigeants arrêtent de parler de création d’emplois pendant qu’ils ferment des usines. La question de l’emploi en Afrique ne pourrait être résolue durablement qu’avec l’installation d’industries compétitives sur le continent. La seule manière pour changer les choses en Afrique, est que désormais les populations doivent interpeller les dirigeants au lieu que les dirigeants prennent des engagements pour les flatter.

Ouagadougou, le 22 juin 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabè,
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
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