Présidée
par son excellence monsieur le Premier ministre du Burkina, Paul Kaba THIEBA, le
jeudi 21 juillet 2016 s’est tenue à Ouagadougou, une rencontre dans le cadre de
la création d’une banque agricole. Ont participé à cet important atelier, des Agriculteurs,
des professionnels du monde des finances et les représentants de
l’administration. Dans le discours d’ouverture du Premier ministre, il a parlé
de l’importance de l’agriculture et de l’élevage dans l’économie et dans la
société. Il a également reconfirmé sa volonté de créer une banque agricole. En
rappel, à l’occasion de sa première rencontre avec les parlementaires, il avait
indiqué que la mise en place de cette banque au Burkina constitue une priorité
pour son gouvernement car elle est incontournable pour le développement du
monde rural. En effet pour lui, le milieu rural regorge l’essentiel de notre
population. La population rurale a besoin d’être financée et peut également
épargner pour éviter les désagréments qu’elle a souvent à garder son argent
près d’elle. Le Premier ministre a par la suite interpelé tous les acteurs
présents à participer activement aux débats afin de contribuer à la professionnalisation
de cette future banque.
Au
nom du monde rural, c’est le Président de la Confédération Paysanne du Faso
(CPF) qui a pris la parole. Tout en remerciant le Premier ministre, il s’est réjoui
de l’esprit de la création de cette banque que les ruraux ont longtemps réclamé
et attendaient. Il a ensuite rassuré le Premier ministre de l’engagement des Agriculteurs
à s’y investir. Le Directeur général du trésor a par la suite passé en revue la situation bancaire
au Burkina Faso ainsi que les principes sur lesquels on doit se baser pour
créer une banque. Parmi ces principes, j’ai retenu trois éléments
critiques : (i) la crédibilité des membres fondateurs, (ii) la provenance
des ressources propres irréprochables et (iii) la détermination des acteurs à
travailler dans le respect des principes bancaires. À l’issue de toutes ces
interventions, les participants ont échangé sur le sujet du jour sous la
présidence du Premier ministre.
Pour
les Agriculteurs, nous ne doutons pas du tout que nous pouvons nourrir le
Burkina Faso et même exporté le surplus de nos productions. Nous faisons
confiance à tous les métiers existants dans le milieu rural mais avons besoin
d’être préfinancés à court, moyen et long terme. Dans l’histoire de l’Agriculture
au Burkina Faso, c’est le forgeron qui s’investissait en nous fabriquant nos
outils de travail et attendait nos récoltes pour se faire payer. La
mondialisation et la modernité nous obligent à ne plus vivre au jour le jour.
Nous devons avoir une vision et cette vision doit nous guider à planifier et à
mettre en œuvre des activités concrètes de développement sur le terrain de façon participative avec les acteurs de
tous les maillons du métier agricole. Si les autres travailleurs du Burkina,
notamment les fonctionnaires et les commerçants ont besoin du crédit, nous acteurs
du développement rural, nous avons également besoin du crédit pour obtenir du
matériel agricole performant et des intrants adaptés pour nourrir la population.
Par ailleurs, c’est par la transformation (qui nécessite des équipements
modernes et des formations spécifiques) de nos produits que nous pouvons avoir
des industries responsables et créer l’emploi.
Dans
le débat il y a quand même eu des interpellations et des questions posées
auxquelles nous devons trouver des réponses pour mieux décoller. Au titre de
ces interpellations, il a été relevé que des banques similaires ont
existé au Burkina et ont disparu par la suite. Alors, qu’est ce qui montre que
cette nouvelle banque ne va pas subir le même sort? Il est ressorti également que
le principal goulot d’étranglement est l’absence d’organisation des acteurs
dans les filières agricoles. Les organisations agricoles qui existent ne sont
pas souvent aptes à coordonner une bonne commercialisation des produits de ses
membres. Or c’est par la commercialisation coordonnée et sans exploitation de
l’homme par l’homme, qu’on peut garantir le remboursement du crédit. Selon les
Agriculteurs, cette banque doit être celle dans laquelle ils doivent épargner
leur argent. Si la banque utilise cette épargne pour faire du crédit et si ce
crédit n’est pas remboursé, elle perd la confiance des épargnants Agriculteurs.
La culture de ce cercle vicieux peut faire ébranler tout le système.
En
tant qu’acteur du monde paysan qui a quand même vécu toutes ces mauvaises
expériences, je pense que l’accent doit être mis sur la bonne gestion des organisations
paysannes. Il ne faut pas se voiler la face sur la mauvaise gouvernance qui
existe au sein de certaines de ces organisations. Chaque fois que les paysans
se mettent ensemble et mettent leur biens en commun et que cela est détourné
pour d’autres fins, cela créé la méfiance entre les Agriculteurs. Face à
l’ensemble de ces défis, le Premier ministre dans sa conclusion, a encouragé les
acteurs du développement rural, principalement les services techniques du
gouvernement, les banquiers et les Agriculteurs à déblayer très bien le terrain
pour que cette initiative produise des résultats positifs. Il a interpellé chaque
acteur à jouer correctement son rôle. Il s’est également engagé à plaider pour
que cette banque agricole soit une réalité au profit du monde rural, dans
l’espoir de voir prospérer le Burkina Faso.
En
tant que Président d’honneur de la CPF et du syndicat des Agriculteurs du
Burkina
Ouagadougou, le 25 juillet 2016
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
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