Du
08 au 13 février 2016, l’Union des Groupements pour la Commercialisation des
produits Agricoles (UGCPA) de la Boucle du Mouhoun a organisé à Moundasso
(Dédougou) un atelier à laquelle j’ai été invité comme personne ressource. Le
but de l’atelier était de réfléchir sur l’adaptation de l’UGCPA à la loi OHADA
sur les sociétés coopératives. En effet, cela fait plus d’un an que l’UGCPA a
entamé ce travail. Elle a fait appel au service d’un consultant qui a fait le
tour de l’organisation de la base au sommet. À l’issue de cet état des lieux,
le consultant a fait une proposition par rapport à la restructuration et aux activités
menées par l’UGCPA. Ce sont ces résultats qu’une cinquantaine de producteurs
membres de la structure se sont regroupés pour réfléchir à l’appropriation. L’UGCPA
a également fait appel à un de leurs partenaires canadiens de l’UPA DI, comme modérateur
et facilitateur. En rappel l’UGCPA est une structure qui fait
l’approvisionnement en instants et la commercialisation des excédents
céréaliers (le maïs, le sorgho, le petit mil, le niébé et les fleurs de bissap)
de ses membres. L’activité regroupe des producteurs, hommes, femmes, jeunes
accompagnés par quelques techniciens. De nos jours l’UGCPA commercialise plus
de deux mille (2 000) tonnes de céréales. Elle totalise 23 ans de vie
professionnelle.
À
la fin de l’atelier, après beaucoup de débats démocratiques sur la vie de
l’organisation, en entendant que l’Assemblée se prononce là-dessus,
l’orientation pris par l’atelier est d’avoir deux échelons de structures. A la
base, le producteur adhère à une coopérative simplifiée en libérant une part
sociale. Ce sont ces coopératives simplifiées qui devront se mettre ensemble
pour créer la coopérative avec conseil d’administration au niveau régional.
Selon l’interprétation du consultant, il faut minimum quinze (15) coopératives
simplifiées pour créer une coopérative avec conseil d’administration. À cet atelier, l’accent a été mis sur la bonne
gouvernance en commencent par la tenue stricte des assemblées générales ; sur
l’alternance ; le développement du
membership et du leadership ; la transparence dans la gestion financière
et sur l’augmentation de la quantité des produits commercialisés dans le
respect strict des engagements de chacun des producteurs membres. L’UGCPA est
une structure dans laquelle il ne peut pas avoir des membres fictifs. Tous ses
membres sont engagés dans l’économie. En outre, l’atelier a aussi recommandé de
l’accompagnement pour la formation des membres qui vont créer ces structures car
l’UGCPA veut mettre la barre haute en ayant comme objectif des coopératives qui
mettent collectivement sur le marché plus du tiers (1/3) de la production vivrière
de la boucle du Mouhoun. En tant que grenier du Burkina, la boucle du Mouhoun
produit plus de 700 000 tonnes de céréales par an. L’UGCPA a l’assurance
que cette synergie est faisable car plusieurs de ses membres ont fait des
missions au Canada où presque toutes les filières sont organisées dans des coopératives
et cela a fait du Canada une puissance agricole dans le monde.
À
mon avis, l’UGCPA est sur la bonne voie. Depuis 2012, dix-sept pays africains se
sont engagés à appliquer l’acte uniforme relatif au droit des sociétés
coopératives. Cela pour une homogénéité des organisations paysannes dans ces dix-sept
pays. Chose qui peut permettre et faciliter les échanges d’expériences entre
coopératives ; permettre que les produits agricoles de ces dix-sept pays soient
commercialisés partout où le besoins se trouve. Le Burkina Faso est un grand
pays agricole. Des associations et des organisations multiples existent mais
rares sont celles qui sont engagées à aider le producteur dans
l’approvisionnement en intrants, en équipement agricole et la commercialisation
de ses produits malgré dix-huit (18) Journées Nationales du Paysans et plus de quinze
(15) ans de l’existence de la loi 014. Nous avons même des paysans qui sont des
professionnels des ateliers ; les ateliers sont devenus leur production. Cette
réalité doit changer. Les structures comme celles du coton et des semenciers
sont permanemment en palabre souvent à cause d’une mauvaise gestion et ou d’une
mauvaise collaboration. Chacune de ces deux structures a des dossiers en
justice. Voilà trois mois que le Président de l’Union Nationale des Producteurs
de Coton (UNPCB) est en prison. Cela fait plus d’un an que des producteurs membres
de l’UNPCB ont exposé sur l’internet la malversation dans cette structure. Dans
un contexte socio-politique où les slogans sont « plus rien ne sera comme
avant », « tolérance zéro », la mauvaise gestion des
organisations paysannes ne doit pas être encouragée.
Je me rappelle que dans les années 90, les
groupements villageois dans la zone cotonnière ont été surendettés du fait de la
mauvaise gestion de leurs dirigeants et cette mauvaise gestion était soutenue
par des techniciens accompagnateurs qui y trouvaient leur compte. Les
dirigeants de ces groupements étaient devenus des hommes intouchables car amis
de toutes les autorités. C’est eux qui pouvaient payer à boire et c’est eux qui
partageaient sans raison de l’argent à leur accompagnateur. Résultat : la
production cotonnière est tombée de
180 000 à 116 000 tonnes. Il a fallu une restructuration rigoureuse
en mettant de côté ces brebis galeuses. Voilà qu’à la campagne 2003-2004, nous
sommes devenus premier pays producteur de coton en Afrique avec 730 000
tonnes. En plus de ce qui précède, dans la multiplication de la semence améliorée
(maïs, mil, sorgho, niébé, …), on trouve des graines qui ne sont pas de la semence
améliorée. Cela est un crime car l’Etat burkinabé dépense beaucoup d’argent sur
cette semence pour donner de n’importe quoi aux producteurs. Il y’a de cela
plusieurs années que je ne veux plus ces semences offertes par l’Etat aux
producteurs car plus de la moitié n’est pas de la semence améliorée. Là, nous
savons qu’il y’a également la complicité des accompagnateurs ; plusieurs
de ces accompagnateurs étaient eux même semenciers. Mon père avait l’habitude
de me dire que si je fais quelque chose qui n’est pas bien en le cachant aux
autres, ce qui est sûr, je ne le cache pas à moi-même car moi-même je sais que
ce n’est pas bien et c’est pourquoi je le cache. Dans ce sens, je me trompe moi-même
car ça va me rattraper tôt ou tard. Je sais pertinemment qu’avec la volonté
politique, on peut relever tous les défis car les Rwandais, après le génocide,
se sont mis sur la voie du développement. Aujourd’hui on peut tout reprocher aux
Rwandais mais quand tu te rends Rwanda, tu sens la différence entre ce pays et
les autres pays en matière d’avancement dans le développement. Je pense que le Burkina
peut faire la même chose.
En tant que président d’honneur du
syndicat des agriculteurs du Burkina (SYNA-B)
Ouagadougou, le 14 février 2016
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16
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BURKINA FASO
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