Les
30 et 31 octobre 2014, le peuple burkinabé a montré son mécontentement contre
la façon dont il était gouverné. L’une des majeures manières de manifester ce
mécontentement a été d’attaquer et de brûler le siège de l’Assemblée nationale.
Les députés, censés défendre les
intérêts du peuple, ont été chassés dans leur lieu de travail lorsqu’ils
s’apprêtaient à prendre une décision en faveur d’un individu qui était le
président Blaise COMPAORÉ et contre le
peuple. La destruction du siège de l’Assemblée nationale et les pertes en vies
humaines ont obligé le Président Blaise COMPAORÉ à démissionner.
Suite
à cette démission, des institutions de transition ont été mises en place en
ayant comme mot d’ordre « plus rien ne sera comme avant ».
Le dernier organe qui est en voie d’être mis en place est un comité de
réconciliation. Depuis la mise en place du gouvernement de transition, nous
assistons à des revendications de la population par rapport au changement positif
de la gouvernance pour lequel elle s’est battue. Je cite comme exemple la
révolte dans les sites d’orpaillage et celle des producteurs de coton vis-à-vis
de leur dirigeant.
Selon
les producteurs de coton qui ont fait la dénonciation, l’Union Nationale des
Producteurs de Coton du Burkina (UNPC-B) est gérée exactement comme le système
Blaise COMPAORÉ où la bonne gouvernance est complètement exclue avec la complicité
de certains partenaires de l’administration afin d’avoir une couverture. Dans mon article intitulé « Ce que je pense du soulèvement populaire après lequel Blaise Compaoré a
quitté le pouvoir » du 05
novembre 2014, j’avais dit que le Président Blaise COMPAORÉ était parti mais
que les acteurs qui ont contribué à la mauvaise gestion de la gouvernance étaient
toujours là. Malgré cette interpellation, rien n’a été fait pour arrêter le
système.
Dans
le système COMPAORÉ, tous les domaines de l’économie du Burkina Faso étaient
contrôlés par « ses hommes » et très souvent contre l’intérêt
du peuple. Jusqu’à ce jour, le peuple burkinabé continue toujours à subir. Et
comme le système COMPAORÉ a appauvri une grande partie de la population, nous
assistons à un retour massif de ses anciens dignitaires qui soutenaient Blaise
COMPAORÉ dans sa démarche. Le récent soulèvement du Régiment de sécurité
présidentielle (RSP) en dit beaucoup. Hors, nous savons que ces anciens
dignitaires ne comptent que sur leur argent.
Dans
la tradition africaine, la réconciliation fait partie des outils très souvent
utilisés pour garder l’unicité de la société. Mais elle n’a lieu qu’après
vérité et sanction. Dans l’insurrection, il y a eu des martyrs. Ils sont morts
laissés leur famille, se sont sacrifiés pour que la situation de leur famille et
de leur peuple change positivement après eux. La réconciliation que ces morts
peuvent accepter dans leur tombe, n’est que celle qui interviendra après une
bonne gouvernance qui permet à leur famille et au peuple de s’épanouir. Ces
martyrs sont morts enterrés mais leurs yeux restent ouverts, tous ceux qui sont
responsables doivent savoir que ces morts ont le regard sur eux.
Le
peuple burkinabé reconnu travailleur, aspire au changement. Il veut tout
simplement la bonne gouvernance pour se développer. Il n’y aura pas de bonne gouvernance
sans mise en cause du mauvais système enraciné depuis plus d’un quart de
siècle. Je m’attends donc à des réflexions qui décèleront toutes ces mauvaises
façons de faire. S’il le faut, que certains acteurs soient disqualifiés pour
montrer l’exemple. Un peuple qui avance, c’est un peuple qui sait mettre des
bonnes règles adaptées à son développement et qui sait les appliquées.
Ouagadougou,
le 11 février 2015
TRAORÉ B.
François,
Agriculteur
Burkinabé,
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16 25
BURKINA FASO
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