Lors
de l’insurrection du peuple burkinabè en Octobre 2014 contre le régime
Compaoré, il y’avait deux tendances : ceux qui voulaient modifier
l’article 37 pour que le président Blaise Compaoré reste au pouvoir et ceux qui
avaient marre de son système de gestion. S’il doit avoir réconciliation, c’est
entre ces deux tendances. En 2001, le président Blaise Compaoré avait initié une journée
nationale de pardon. Pour cette circonstance, des personnalités respectées par
le peuple (Collège des sages) avaient été ciblées pour travailler pour cette
réconciliation.
Ceux-ci
ont fait un travail remarquable à travers des recommandations prenant en compte
les préoccupations du peuple Burkinabè. Mais là où Blaise Compaoré avait roulé
ces acteurs, c’était de dire qu’il demande pardon pour tous les crimes qui ont
été commis depuis l’indépendance du pays alors qu’il y’avait une crise qui le
concernait directement. Pour être pardonné, il fallait que l’ex-président du
Burkina, Blaise Compaoré, avoue un certain nombre de faits. Chose qui n’a pas
été faite. Le peuple avait donc pardonné sans savoir pour qui et pourquoi il
pardonnait.
Après
cette journée du pardon, toutes les mauvaises choses qu’on reprochait à Blaise ont continué à exister.
Il avait peut-être pu tromper le peuple
ainsi une fois. En fin 2014, il n’a pas pu tromper ce peuple. C’est pourquoi,
s’il y a désormais réconciliation au Burkina, il faudrait que le peuple reste
vigilant. Ce que nous reprochons au régime Compaoré, c’est la mauvaise
gouvernance économique et sociale. Pour pérenniser ce mauvais système de
gestion même après lui, toute une machine a été installée. Certains de ses
fidèles qui voulaient que Blaises Compaoré fasse encore 15 ans au pouvoir après
2015 sont devenus des politiciens commandos et veulent faire vite pour être
élus en octobre 2015. Comme ils
faisaient partie du système, ils font des billets de banque leur argument de
campagne discret. Leurs soucis n’est pas de renoncer aux mauvaises habitudes.
Je
pense que si une bonne réconciliation doit avoir lieu au Burkina, elle ne
pourra se faire qu’avec repentance. À travers cette repentance, la conscience
de chacun devait le pousser à réfléchir et à changer de comportement. Cela
demande un temps. Ceux qui ont offensé le peuple pensent qu’il suffit de changer
de chemise ou d’argument pour être pardonné. En tant que militant du Mouvement
du Peuple pour le Progrès (MPP), j’attire l’attention du peuple Burkinabè pour
qu’il sache que ce réveil commando de ces politiciens parachutés n’est qu’un
danger pour le pays. Car c’est dans leur sein qu’ils se disaient qu’après
Blaise Compaoré, il n’y a pas quelqu’un capable de diriger le pays. Les révolutions
dans le monde n’ont eu du succès que quand le peuple a pris conscience et a pris
sa destinée en main. Le peuple Français a coupé la tête du Roi à Paris. Après
l’insurrection en 2014 au Burkina Faso, nous n’avons pas coupé la tête du
président Blaise Compaoré, mais nous devons couper la tête de son système.
Ouagadougou, le 26
février 2015
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
Skype:dadilotbf52
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FASO