Le
17 décembre 2014, les représentants des Agriculteurs des 13 régions du Burkina
Faso se sont retrouvés à Dédougou pour créer un syndicat. Ce syndicat, nous l’avons
nommé SY-A-B.
La devise du SY-A-B est solidarité-professionnalisme-équité.
La nécessité de cette structure de défense a été sentie par les acteurs qui ont
évolué dans les organisations professionnelles et qui se sont rendus compte à
un moment donné que quelque chose leur manquait. Parmi ces choses qui
manquaient, figurait la défense par tous les acteurs du monde rural réunis, des
intérêts sociaux, moraux et économiques.
La
population burkinabé est très majoritairement rurale mais nous assistons à une
grande influence de l’exode rural dû d’une part, à la pauvreté et à la famine et
d’autre part, à l’analphabétisme et l’obscurantisme. Ces difficultés ont
souvent fait de ces ruraux des outils d’élections surtout dans une situation
burkinabé où la politique n’était plus basée sur une vraie vision de développement
pour les ruraux mais plutôt sur l’influence financière, l’intimidation, souvent même l’éthnicisme. Les mêmes
politiciens assistaient à l’accaparement des terres des paysans. Ces terres accaparées
ne sont généralement pas exploitées et sont même louées aujourd’hui à des
agricultures vivant dans la localité.
Dans
le syndicat agricole, nous voulons que le problème d’un agriculteur, d’une
agricultrice, d’un éleveur, d’un exploitant forestier, d’un pécheur … soit
partagé avec tous les ruraux. Ce partage permettra à ce qu’ils décident de
comment gérer le problème pour l’intérêt du producteur en question et pour le
Burkina Faso.
Je
suis parmi ceux qui dans les années 70 - 80, se sont opposés au syndicalisme.
En ce moment, la proportion des
structures professionnelles était très réduite. De nos jours, des structures
professionnelles organisées en filières existent. Au lieu d’être une force de réclamation
et de proposition, malgré l’existence d’organisations de plus d’une dizaine de filières,
l’influence de cette structuration ne donne pas totalement satisfaction à tous
les membres de ces filières. Je pense que cela est dû en partie au système de
mauvaise gouvernance politique au niveau central et au niveau des collectivités
locales, qui influence ou qui récupère ces structures. Les derniers pensent que
le développement, c’est le financement que l’État leur envoie, l’argent des
différends projets qu’ils peuvent avoir avec les partenaires et la vente des
terres urbaines ou rurales.
C’est par les structures professionnelles que le développement
local peut venir. Pour cela, lors des élections de tous les niveaux, c’est
plutôt mieux d’écouter les professionnelles par rapport à leurs différents
problèmes que de distribuer que l’argent et les tee-shirts. Il est même arrivé
que nous nous rendions compte que le politique avait peur d’une structure bien
organisée et qui n’écoute que ses acteurs. C’est pour cela que je pense que le
syndicat de nos jours peut être un complément, un support aux structures
professionnelles et aux ruraux individuellement.
Le
SY-A-B a été d’abord constitué par des
individus qui sont tous membres de structures professionnelles. La porte a été ensuite
ouverte aux structures filières. C’est dans ce sens que le représentant de la filière
coton, l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB) et les
semenciers ont adhéré et sont membres fondateurs. Toute autre filière organisée
pourrait adhérer ; l’adhésion étant libre pour le producteur individuel et
pour la structure professionnelle.
Le
bureau de ce syndicat est constitué de 17 membres. Toutes les 13 régions sont
représentées dans le bureau. Les trois premiers dirigeants de cette structure
sont messieurs Abou OUATTARA, producteur de coton qui est aussi semencier de
céréales et éleveur ; Adama G. OUÉDRAOGO qui fait principalement de
l’embouche et l’agriculture. Le troisième responsable est une femme : madame
Chantal Marie OUÉDRAOGO. Elle transforme
les noix karité en beurre de karité et en d’autres produits dérivés. Ces trois
premiers dirigeants ont été choisis par l’assemblée du syndicat.
Aucun
d’eux n’a 50 ans mais ils ont chacun plus de 30 ans. C’est donc des
entrepreneurs dont leur entreprise n’est pas à leur début ni à leur fin. Ils
ont l’obligation de se faire entendre et de se faire comprendre. Ils ont
également l’obligation de l’écoute et de l’analyse car c’est tous les secteurs
du monde rural qui sont derrière eux.
À
la fin de cette rencontre, j’ai été choisi comme président d’honneur du syndicat.
À 62 ans, je suis à la limite de mes capacités
physiques mais selon les membres du SY-A-B, ils ont besoins de puiser
dans mon passé. Je ne suis pas membre du bureau. Ils me consulteront donc que
quand ils auront besoins de moi. Dans l’écriture sainte de la Bible, quand Siméon
a vu le petit Jésus, il a dit qu’il pouvait mourir maintenant parce qu’il ne
voulait pas mourir sans voir le sauveur.
Je
demande à Dieu de leur donné courage, persévérance et la cohésion. Dans cela
mes enfants qui sont agriculteurs vont non seulement trouver leur compte dans
ma famille et dans mes champs et pourront
garantir la vie de nous qui les avons mis au monde. Car chez nous les
agriculteurs, pour le moment nous n’avons pas de retraite. Bon vent à ce
syndicat dans lequel je souhaite le bonheur des ruraux, la souveraineté
alimentaire du Burkina Faso et le développement de celui-ci.
Ouagadougou, le 24 décembre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
Skype:dadilotbf52
Facebook :
dadilotbf52
(+226) 70 95 34
45
(+226) 78 50 16
25
BURKINA FASO
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire