Le
Burkina Faso vient de vivre une troisième révolution après celle contre le régime
du président Maurice YAMÉOGO et celle de la période du CNR. Je ne m’attarderais
pas sur celle contre le régime YAMÉOGO mais je me permets de faire une analyse
de celle du CNR et cette dernière. Selon ma compréhension, la révolution sous le
CNR avait été initiée par des idéologues militaires et civils, appuyés par la
population. Elle a donc eu une adhésion de la masse populaire. Le porteur de
cette révolution qui était le capitaine Thomas SANKARA, était un homme qui
avait acquis la confiance de la population par son comportement et son verbe.
Une
des premières difficultés de cette révolution était que ce que l’engagement à une révolution exige, n’était pas compris par
tout le monde. On peut citer les Tribunaux Populaires de la Révolution (TPR)
dont l’esprit était de lutter contre la corruption, les travaux d’intérêt
collectifs, le pouvoir décentralisé au peuple, l’amour du travail bien fait, la
rigueur au travail, la reconnaissance du mérite, l’esprit de consommer
burkinabè, la souveraineté alimentaire et économique et compter sur nous même
pour le développement dans une cohésion sociale. Il y’a donc eu un évènement malheureux
qui a couté la vie au capitaine Thomas SANKARA et à ses collègues.
27
ans 16 jours après, c’est le peuple burkinabè y compris les hommes politiques
et la société civile, qui prend ses responsabilités pour une nouvelle révolution.
Cela a abouti à la démission du président Blaise COMPAORÉ. Ce peuple a été
rejoint par des militaires patriotes qui se sont dits que leur mission de
défense et de sécurité était pour le peuple et non contre le peuple.
Heureusement pour le peuple burkinabè, que des militaires qui raisonnent de
cette manière existent toujours au Burkina.
Par
la suite, un gouvernement de transition a été formé avec comme président son
Excellence Monsieur Michel KAFANDO, un civile et son Excellence Monsieur Yacouba
Isaac ZIDA comme premier ministre militaire qui, avec l’aval du président, a
formé un gouvernement. Dans les discours des deux personnalités, on retient
ceci : pour le président, rien de sera plus comme avant. Il faut qu’il ait
justice. Pour le premier ministre, il faut la rigueur au travail et pas
d’impunités. Cette rigueur commence par eux qui sont les premiers responsables
de ce pays car selon lui, le poisson pourrit par la tête.
Je
m’attends à ce que la révolution soit comprise cette fois-ci par l’ensemble du
peuple. Un adage dit qu’un jour l’hyène a décidé d’être bouché, chose qui
constitue une révolution. Elle a acheté un bœuf qu’elle a tué, dépecé en six
morceaux, le septième morceau étant la tête. Le premier client qui s’est
présenté voulait les deux cuisses. Elle a dit à ce premier client que les deux cuisses
n’étaient pas vendables. Le deuxième client voulait les deux bras, l’hyène a dit
que ça également, elle ne vend pas. Le troisième client voulait choisir parmi
les autres morceaux mais l’hyène a eu la même réaction. Pour l’hyène, c’est la tête
seulement qu’elle pouvait vendre. Lui que nous savons qu’elle aime la viande, voulait
être bouché mais en ne vendant que la tête. Cet adage, je le dédie au peuple
burkinabè. Si nous avons voulu la révolution, il faut que nous acceptions
changer nos mauvaises habitudes. Pour cela, nous devons tous contribuer à
rééduquer le peuple. Le peuple doit savoir que le pouvoir l’appartient et que c’est
sur lui également que le pouvoir doit être exercé.
Après
les interventions du président et du premier ministre du Burkina Faso, j’ai
entendu des gens dire qu’ils étaient trop durs ; qu’ils devraient se
contenter de gérer la transition et d’organiser les élections. Moi je dis
non ! Le changement doit se sentir dès la transition que nous avons
l’occasion d’avoir. Nous devons dès maintenant sentir la justice sociale et
économique. Les résultats positifs que nous avons eus dans l’ex-régime ont été
obtenus par le dévouement de certains patriotes burkinabés. Les erreurs qui ont
amené la révolution ont été possibles grâce à la complicité de certains burkinabés.
Dans
ses nominations, le régime passé nommait souvent que des hommes fidèles plutôt
que des hommes capables de dire non. Même les décorations étaient politisées.
Tous les secteurs financiers étaient contrôlés par « leurs hommes ». À
titre d’exemple, les membres de la chambre de commerce viennent de se plaindre de
leur structure parce qu’elle a été manipulée par le régime passé. Cet influence
est allée jusqu’au secteur agricole notamment à l’Union Nationale des
Producteurs de Coton (UNPCB) à travers son président. Ce dernier qui a été imposé
aux producteurs de coton, a opté de gérer comme le régime COMPAORÉ en
manipulant tout avec l’argent de l’UNPCB. Du coup, il politisait l’organisation
qui est apolitique, en faveur du régime. C’est ainsi que même les cotisations
des cotonculteurs étaient utilisées pour faire des campagnes du CDP. Tout cela est
également en train d’être dénoncé par les producteurs.
J’encourage
le gouvernement à persévérer dans la justice et interpelle les hommes
politiques et la société civile à éduquer le peuple pour qu’il accepte le
changement.
Ouagadougou, le 30
novembre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
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