Du
12 au 16 novembre 2012, nous avons participé madame Coulibaly technicienne et
moi président d’honneur au nom de l’association des producteurs de coton
africains (AProCA) sur invitation de CompACI au Forum africain 2012 du PDDAA
(Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine) à Tunis en
Tunisie. Quarante six pays africains et l’Allemagne ont pris part à ce forum. Le
Forum africain est une structure du PDDAA détenue et dirigée par les
organisations de producteurs agricoles en Afrique.
Dans
un contexte de crise alimentaire et financière, les regards sont désormais
tournés vers les organisations de producteurs agricoles en tant que lien vital entre
les agriculteurs et les pouvoirs décisionnaires, ou entre les producteurs et le
marché. C’est dans cette perspective que ce forum a été placé sous le thème : « les
Organisations de Producteurs Agricoles : le lien vital pour une croissance
agricole équitable et durable en Afrique ».
A travers ce thème, les
objectifs visés étaient essentiellement la sensibilisation sur le
rôle critique des organisations de producteurs agricoles dans le développement
de l’agriculture en Afrique ; la diffusion et le partage d’expériences
entres les différents acteurs et encourager l’avancement des meilleures pratiques en Afrique
afin de concourir au développement de l’agriculture piloté par les pays
africains.
Parmi
ces meilleures pratiques présentées, les expériences d’un certain nombre de
pays ont attiré mon attention. Par exemple la Tunisie, le Maroc et l’Algérie.
Ces expériences étaient basées sur l’organisation des filières comme l’olive,
l’élevage, le blé, le maïs. Nous avons retenu que la maitrise d’une filière,
commence par la bonne maitrise des phases suivantes : la multiplication des
semences de bonne qualité pour la production ; de la production à la
transformation ; de la transformation au marché. Il ressort également de
ces expériences, que la collaboration entre l’Etat et le privé a été essentiel
pour la bonne marche de ces filières.
L’AProCA
a eu l’occasion de présenter son expérience en tant que filière coton
organisée. Aujourd’hui, il est présent dans 15 pays africains. Son objectif est
de s’étendre à tous les pays producteurs de coton africain. L’AProCA veut que
ses producteurs de coton vivent décemment de leur production. Il souhaite également
que ce coton soit transformé un jour en Afrique. Dans mon intervention, j’ai
démontré que l’AProCA contribue énormément à la sécurité alimentaire. En plus
des revenus que les producteurs gagnent dans la vente du coton, les graines de
coton profites à la population. Dans 100 kg de coton graine, il y a 52 kg de
graine qui en sorte après égrainage. Cette graine peut être consommée
directement par les animaux (bovins, caprins). Les graines peuvent être également
transformées en tourteau, aliment bétail, après extraction de l’huile. Sur 100 kg
de graine de coton, il peut y avoir 36 litres d’huile consommable par l’homme.
Cela veut donc dire que les 52% rentrent dans l’alimentation. Dans nos zones
cotonnières, tout bon producteur de coton est bon producteur de céréales,
essentiellement le maïs et le mil.
L’AProCA
a aussi parlé de son université coton basée à l’université polytechnique de
Bobo. Les professeurs de Bobo en collaboration avec les autres professeurs
d’universités des pays membres forment les membres de l’AProCA et ses
partenaires. Ce qui permet une bonne collaboration entre les penseurs, les chercheurs
et les acteurs du terrain.
De
ce forum, ce que je retiens en tant que ambassadeur des Nations-Unis pour
l’année 2012, année des coopératives et au regard de mes expériences, c’est
que le salut de l’Afrique est dans les coopératives engagées dans les filières.
Il y a quelques années l’organisation des filières était difficilement comprise
dans certaines grandes rencontres des agriculteurs en Afrique. La compréhension
que certains avaient, était que l’organisation par filière obligeait les
producteurs à faire la monoculture (faire un seul produit) ; alors que s’organiser
par filière n’est que professionnel ! En effet, dans une filière organisée,
l’obtention des intrants est facilitée, (semence, engrais, produits…); de même
que la commercialisation parce que vous pouvez facilement tissez un partenariat
avec les acquéreurs nationaux ou internationaux.
Il n’est pas interdit qu’un producteur soit
dans plusieurs filières. Par exemple j’ai vu un tunisien qui avait un champ
d’olive et qui faisait en plus l’aviculture. Or, on sait que les règles de production,
de commerce des olives et des poulets ne sont pas identiques. Le partenaire qui
cherche les olives, quand il envoie un camion pour chercher les olives, il ne
voudrait pas qu’on y mette des poulets. Donc ce producteur peut être dans une coopérative
d’olives et une coopérative de poulets.
Dans
ce forum, il y avait suffisamment d’exemples qui montrent que le développement
est possible en Afrique. En Tunisie, le désenclavement est un grand atout pour
les agriculteurs : les routes bien faites existent partout, ce qui
facilite l’accessibilité et l’évacuation des produits agricoles. Presque toutes
les familles ont l’électricité. De même, les producteurs sont rassurés dans
leurs fermes car le problème foncier est réglé. Cette réussite est tributaire
au gouvernement tunisien. Il faut que le développement soit mesuré désormais
par le développement du milieu rural et non pas par la beauté des villes. Prenant
l’exemple de la Tunisie, nos gouvernements doivent donc investir dans le milieu
rural et faciliter également la capacité des privées à collaborer avec les agriculteurs.
Nous avons vu que l’arrivée du téléphone portable en Afrique a été un salut.
Mais pour cela, il a fallu le privé. Certaines entreprises téléphoniques étatiques
ont failli même être en retard.
C’est
l’occasion pour moi de remercier la coopération allemande GIZ, tous ses partenaires,
nos hôtes tunisiens et tous ceux qui ont
aidé à l’organisation et à la réussite de ce forum.
Ouagadougou, le 27 novembre 2012
TRAORE B. François,
www.francoistraore.blogspot.com
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa.
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16
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