Du
10 au 23 octobre 2012, j’ai été invité par l’Union Nationale des Producteurs de
Coton du Tchad (UNPCT) en tant que ambassadeur des coopératives pour l’année
2012 et aussi en tant
que
président d’honneur de l’Association des Producteurs de Coton Africain
(AProCA). Dans ce sens les producteurs de coton du Tchad ont été soutenus
financièrement par le PNUD et accompagner techniquement par une structure le
GRAIN. En effet, le GRAIN, les a aidés à organiser et à prendre les rendez-vous
avec les partenaires : gouvernement, partenaires techniques et
financiers et les ONG. Ma rencontre avec eux visait à expliquer l’esprit
de coopérative et montrer son intérêt pour les producteurs de coton.
L’UNPCT
depuis 2003 a décidé de transformer ses associations de producteurs de coton en
coopératives de producteurs de coton. Pour cela, elle avait fait depuis lors un
programme d’activités qui devait commencer par la formation de coopératives de
base au niveau village puis la mise en place de coopératives intermédiaires par
zone d’usine et une coopérative au niveau national qui coiffera toutes ces
coopératives. Selon les producteurs, ce processus est bloqué depuis lors pour
faute de financement.
De
2003 à nos jours, les producteurs ont traversé beaucoup de difficultés :
non enlèvement du coton par moment, retard de payement de l’argent de coton qui
peut souvent aller jusqu’à un an, difficultés de gestion de la caution
solidaire, retard de mise en place des facteurs de production (engrais,
semence, pesticide), insuffisance de dialogue entre les producteurs et la
société cotonnière. Tous ces maux ont contribué à bloquer le processus de
transformation des associations en coopératives.
Les
producteurs de coton du Tchad étant membres de l’AProCA, participent aux
rencontres de l’AProCA. C’est ainsi qu’ils se sont rendus compte que les
difficultés qu’ils vivent, ont été déjà surmontées dans d’autres pays membres
de l’AProCA. Dans ce sens le Burkina Faso a été souvent cité comme exemple.
Comme j’ai été président de l’UNPCB du Burkina
de 1998 à 2010, membre fondateur de la création de l’Association des
Producteurs de Coton Africain (AProCA) et premier président de celle ci,
ambassadeurs du système des nations unis pour les coopératives ; j’étais
la personne indiquée pour les éclairer selon eux. Ce rôle d’éclaireur consiste
à les accompagner auprès de tous leurs partenaires pour expliquer cette vision
et demander leur soutien.
Je
me suis senti exactement dans m’a mission qui est de partager mes expériences
avec les autres, d’éclairer les partenaires sur cette vision de coopérative
dans la production car elle peut permettre à tous les agriculteurs de rentrer
dans l’économie, de lutter contre la pauvreté et contre la faim. Nous avons
donc rencontré à Ndjamena le président de l’assemblée nationale, le ministre de
l’agriculture, le ministre du commerce du Tchad, l’Agence Française de
Développement (AFD), l’union européenne (UE), la BAD, le PNUD et OXFAM.
Le
constat général que le gouvernement et ses partenaires ont fait sur la filière
coton est que tout le monde savait que le coton africain a rencontré des
moments difficiles de 2003 à 2010 sur le plan international. L’ancienne société
cotonnière du Tchad n’a pas été épargnée par ces problèmes. Non seulement la
gestion n’était pas clairvoyante mais elle n’était pas aussi
professionnelle ; Ce qui fait que tous les partenaires s’étaient rétractés
à accompagner le domaine coton.
J’ai
expliqué à tous ces partenaires l’intérêt d’accompagner les producteurs de
coton à s’organiser en coopératives, à être une entité bien organisée pour
avoir la capacité de préserver cette filière en interpellant chaque fois tous
les acteurs de la filière. J’ai également dit que cette mauvaise gestion
n’était pas forcement liée seul acte des producteurs ; mais ce sont eux
qui ont le plus subi les conséquences néfastes. Dans la mondialisation, les
conquérants dans un domaine profitent du faite que les autres n’avancent pas
pour prendre leur place. Pour moi, je ne considère pas l’Afrique comme un
continent mais comme un pays dont le Tchad est une des provinces.
En
Afrique, on ne doit plus accepter ces genres erreurs car ces erreurs ont fait
que tous les partenaires s’étaient rétractés à accompagner le domaine coton.
Mais à la fin de chaque entretien, tous les partenaires rencontrés ont été
unanimes pour accompagner les producteurs de coton dans leur nouvelle vision.
Comme l’ancienne société a été liquidée, chacun souhaite que la nouvelle
société change la gestion et permet un partenariat gagnant-gagnant entre elle
et les producteurs de coton, ce qui pourra aider plus facilement
l’accompagnement des partenaires pour que la lutte contre la pauvreté prônée
par le gouvernement et les partenaires soit une réalité.
Selon
les producteurs dans l’histoire du coton, le Burkina à un moment est venu
s’acquérir des expériences du Tchad. A l’époque, le Tchad produisait mieux que
le Burkina. De nos jours, le Burkina est le premier producteur de coton
africain depuis quelques années. Les Tchadiens souhaitent reprendre leur place
de grand pays producteur de coton. Les producteurs disent que le coton est la
locomotive de leur développement dans leurs localités. Le coton contribue à la
sécurité alimentaire grâce rotation entre le coton, les céréales et les
légumineuses (arachides, niébé…). Par ailleurs, dans le processus de
modernisation de l’agriculture, l’intégration entre l’agriculture et l’élevage
leur permet d’obtenir des revenus supplémentaires dus aux produits dérivés et
aux services rendus par les animaux.
Après
la semaine de Ndjamena, nous nous sommes rendus à Moundou dans la zone
cotonnière. A Moundou nous avons rencontré des dirigeants de la nouvelle
société cotonnière. En effet, nous avons été bien reçus par l’actuel Directeur
Général de la production qui était au paravent accompagnateur des producteurs
de coton. En son temps, il a participé à toutes les rencontres et missions de
l’AProCA auprès des producteurs avant d’être nommé Directeur à la nouvelle
société cotonnière. Il peut donc témoigner que la filière se porte mieux dans
certains pays que le Tchad. Avec ses techniciens, il nous a rassurés que les
choses vont changer dans la nouvelle société de coton du Tchad. Selon lui, la
nouvelle société du coton du Tchad va assumer toute sa mission afin de faire
prospérer la filière cotonnière au Tchad. Pour cela, une bonne collaboration
entre la nouvelle société cotonnière du Tchad et l’UNPCT est très importante.
La nouvelle société a promis de respecter tous ses engagements vis-à-vis de
l’union nationale des producteurs de coton du Tchad. Elle souhaite que cela
soit de même du coté de l’union. Cependant, pour que l’union réussisse cela,
elle doit être accompagnée dans la création des coopératives.
Après
ces échanges avec les responsables de la société cotonnière, j’ai rencontré le
conseil d’administration des producteurs. L’ordre du jour de ce conseil portait
essentiellement sur l’adoption du plan d’action annuel dans lequel il figurait
la constitution des associations en coopératives. A ce niveau l’handicap était le manque d’appui technique et
financier. A ce niveau, je leur ai expliqué l’intérêt des coopératives. Ce qui
peut transformer tous les producteurs en acteurs économiques. Dans les divers,
une des grandes difficultés qui a été longuement discuté, fut le conflit
agriculteur éleveur. Selon les producteurs, à ce niveau s’il n’y a pas de
changement, cela peut handicaper toutes les initiatives qui seront entreprises
par les producteurs et la société coton.
Selon les cotonculteurs, les éleveurs
transhumants sont plus écoutés qu’eux les producteurs de coton. Les dégâts de
champ par les animaux ne sont jamais sanctionnés. Les producteurs de coton
étant à la fois agriculteurs et éleveurs, leurs animaux et leurs champs sont
complémentaires : les animaux sont utilisés pour labourer les champs, les
déchets utilisés pour fertiliser ses mêmes champs ; il devait être de
plein droit à ces animaux qui ont labouré, que les résidus des champs leurs
soient réservés uniquement. Malheureusement cela ne se fait pas. Ce sont les
animaux des nomades et des transhumants qui se donnent tellement le droit de
brouter les résidus des champs de telle sorte que souvent ils broutent le champ
avant que vous ne finissez de récolter. Ce qui fait que toutes les récoltes
doivent forcement terminer en décembre. Le jour que les producteurs vont
augmenter leurs productivités et leurs productions, ils ne pourront pas
terminer les récoltes en décembre. Comme les éleveurs se sont donné le droit de
brouter les champs sans problème, ils ne laisseront pas un coton dont la
récolte va excéder le mois décembre et aller en janvier-février car ils sont
maitres de la brousse.
Pour
résoudre ce problème, nous avons prévu de rencontrer la société civile de
Moundou pour lui expliquer les enjeux de la filière coton. A Moundou où se
trouve la société cotonnière, nous savons qu’ils bénéficient indirectement de
la transaction financière des acteurs de la filière coton. Malheureusement,
cette société civile n’était pas au rendez-vous. Ce qui montre qu’il y a
toujours du travail à faire dans toutes les couches de la société civile
africaine pour qu’elle puisse se poser la question pour savoir d’où viennent
ses revenus. Une raison de plus qui montre que toutes les couches de la société
doivent être organisées en coopératives pour se poser cette question. Selon les
producteurs, il est arrivé lors d’une rencontre avec le chef de l’Etat
tchadien, que les éleveurs demandent à l’Etat de leur procurer des aliments
bétails à base des graines de coton. Ces éleveurs ne savent pas qu’ils sont les
ennemis à eux mêmes car en détruisant les champs de coton. Le chef de l’Etat ne
peut pas leur fournir ces aliments à base de graines de coton.
Après
le conseil, nous avons organisé une conférence de presse à travers laquelle
j’ai interpellé tous les partenaires et la société civile à prendre conscience
de la complémentarité qui doit exister entre les acteurs. De retour à Ndjamena,
nous avons fait le bilan. Dans ce bilan les producteurs ont reconnu que ma
venue et mes interventions devant les autorités et les partenaires ont été très
capitales ; parce que les autorités et tous les partenaires que nous avons
a rencontré ont décidé de les accompagner et ont demandé aux producteurs de
leur faire des propositions.
Après
cela, nous avons également organisé à Ndjamena, une conférence de presse à
travers laquelle j’ai dit que l’Afrique a de l’espace, des hommes et que
mon souhait serait que l’Afrique soit un jour une puissance dans l’agriculture
afin que nos produits soient majoritaires sur nos marchés et supers
marchés et puissent avoir une place appréciable sur le marché
international. Je voudrais également, que nous puissions nous nourrir nous
mêmes en travaillant dans la complémentarité. Je souhaite que l’avenir du coton
soit radieux en Afrique. Pour cela nous souhaitons la collaboration entre
toutes les couches sociales car nous avons constaté que partout la société
civile ne s’est pas intéressée chaque fois qu’on a voulu la rencontrer. Pour
nous appuyer, nous avons demandé à la presse de nous aider à amener la société
civile à prendre conscience de cette collaboration. Nous avons souhaité que
tous les acteurs de la société civile soient des coopérants. L’Afrique compte
sur sa population pour vaincre la pauvreté et la faim. Je suis personnellement
confiant que c’est possible.
Ouagadougou, le 01 décembre 2012
TRAORE B.
François,
www.francoistraore.blogspot.com
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa.
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16 25
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