Du 27 au 29 octobre Oxfam a
organisé la quatrième édition des koudous du Faso. Lors de ces koudous du Faso,
les denrées alimentaires produits au Burkina Faso et transformés au Burkina
Faso sont exposés par des transformatrices et transformateurs pour montrer la
qualité de nos produits agricoles quand ils sont bien transformés. Oxfam et ses
partenaires sont à féliciter car nous les paysans, nous savons que Oxfam a
toujours été de notre côté pour mieux valoriser l’agriculture et nos produits.
Sur place, j’ai été vraiment édifié par l’esprit de créativité de nos braves
dames et hommes. La qualité de ces produits à la consommation n’avait rien à
envier aux produits alimentaires importés. Ce qui veut dire que cette
initiative est vraiment la porte de sortie de l’agriculture et de l’élevage. La
garantie d’une bonne nutrition adaptée, de la création d’emploi et du
développement endogène ne peuvent que passer par là.
Dans l’histoire de l’agriculture
dans le monde, depuis son invention, c’est la transformation des produits qui a
contribué à créer la différence entre l’homme et l’animal. Je peux même dire
qu’elle est à l’origine de l’industrialisation. La femme a particulièrement joué
un grand rôle dans cette transformation. Cependant, en Afrique et au Burkina en
particulier, nous avons été devancés par les pays qui ont su modernisés cette
transformation et comme nos politiques n’ont souvent pas eu cette idée comme
outil de développement, nous avons été au fur et à mesure des consommateurs de
produits importés souvent en nous disant que c’est des produits civilisés
propres et irréprochables. Mais ce qui est vrai est que le Burkina se
nourrissait et s’habillaient avant la colonisation et la majorité des personnes
adultes d’aujourd’hui ont été nourris par ces produits locaux. Les produits
importés que nous pensons propres ne sont pas forcément adaptés à notre
habitude alimentaire. Ces produits pour leur conservation, ils sont souvent
mélangés à des choses qui ne sont pas bonnes pour la santé de l’homme. Ce qui
fait que la majorité des cinquantenaires trainent aujourd’hui des maladies dont
ils ne savent pas la cause exacte. Mon père me disait qu’un homme digne doit
pouvoir se nourrir de ce qu’il produit, la fierté au village était que le
panier de ta femme ne soit jamais devant le grenier de quelqu’un d’autre pour
chercher des céréales et se nourrir.
Ce koudou est donc l’occasion pour
moi d’interpeler nos politiques sur la transformation et la consommation des
produits locaux. Autant nous agriculteurs, nous devons libérer notre génie créateur
et cela nécessite bien sûr un accompagnement si nous voulons aller vite ;
autant le politique doit persévérer dans son patriotisme alimentaire pour que
les burkinabés nourrissent les burkinabès. Avec plus de 80 % de la
population burkinabé qui est rural, cela n’est pas extraordinaire. Au Burkina,
nous avons eu la révolution du 4 août 1983 qui a montré le chemin. C’est
l’occasion pour moi de féliciter nos autorités actuelles qui sans bruis, ont
adopté le port du Faso Danfani comme philosophie et nous savons que c’est des
burkinabés qui gagnent des revenus à travers cela. A une époque donnée, pour
une cérémonie, certains ministres commandaient des costumes très chers à l’extérieur
du pays pour paraitre ministres. Je ne suis pas scientifique mais je sais que
le soleil que nous avons pour nos aliments est un atout pour leurs qualités.
Oxfam dans l’accompagnement de ces braves dames et hommes est entrain de
démontrer cette qualité. Merci donc à Oxfam et ses partenaires. Mon souhait est
donc que le Burkinabè se nourrit de produits Burkinabès transformés par des
Burkinabés.
En tant que Agriculteur Burkinabé
Ouagadougou, le 01 Novembre 2017
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com
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