Mon analyse de la science et
l’histoire est qu’à l’origine, l’humain vivait dans la nature et mangeait
directement ce qui s’y trouvait tout comme les poissons qui se nourrissent
entre eux dans l’océan. Avec l’évolution du cerveau de l’homme, il y a eu la
sédentarisation et celle-ci l’a poussé à faire des réserves de nourriture.
C’est dans cette évolution qu’il a commencé à prélever les plantes qu’il
préférait pour son alimentation et au fur et à mesure, il a commencé lui-même à
les planter et à domestiquer les animaux les plus dociles. L’homme a donc toujours
été à la recherche du confort pour sa communauté. Dans la recherche de ce
confort, il est arrivé que des humains se fassent la guerre, soit pour
préserver leurs territoires, soit pour se défendre où pour attaquer d’autres
communautés afin d’obtenir des territoires ou des biens. Ce qui est curieux est
que tous les peuples se sont civilisés à leur manière pour se nourrir, se
vêtir, se loger ou se déplacer. On peut donc dire que les civilisations à
l’époque se différenciaient par l’alimentation que chaque peuple avait choisie.
La conquête entre les humains s’est accentuée à partir des moyens de
déplacement. Plus on se déplaçait loin, plus on pouvait combattre d’autres
personnes et s’approprier leur niveau de civilisation et leurs biens. C’est à
cette période que le déséquilibre a commencé à s’installer. Cette conquête a
commencé à donner du pouvoir à des clans et à des nations. Avec ce pouvoir, le
matériel a été multiplié, sa puissance a été améliorée et continue d’être
améliorer. Au fur et à mesure que le
matériel augmentait, les besoins de l’homme dans la nature ont aussi augmenté
si bien que l’homme est devenu pesant sur son environnement à cause de ses
besoins de nutrition, d’aisance et de son désir de domination. A mon avis, c’est
l’origine du changement climatique. Ce qui veut dire que chaque humain a une
part de responsabilité aussi petite soit-elle, même si on sait que c’est la
recherche du matériel pour la domination par les grands pays qui a accéléré le
phénomène de destruction de la nature.
Moi, je suis agriculteur. Dans mon
pays le Burkina Faso, cette année nous avons vécu une disparité de la
pluviométrie très déséquilibrée d’une zone à l’autre. Ce qui n’a pas facilité
une bonne installation de la campagne et une bonne évolution des plants. En
plus de cela, nous avons eu un parasitisme rarement vu sur le coton et les
céréales. Nous avons des inquiétudes concernant la finalité de la campagne. Dans
notre quête permanente de lutte contre la pauvreté, quand quelque chose nous
arrive en dehors de nos efforts, nous sommes obligés de lever le ton en disant :
« Tout est en train de changer ! ». Nous voulons donc que les
Nations Unis soient à l’écoute des humains et particulièrement des agriculteurs
africains dont la majorité est à l’étape de travailler pour survivre. Et nous
demandons un soutien à tous ceux qui mènent les actions humanitaires, toutes
les ONG pour qu’on nous écoute car tous les humains sont sacrés.
L’initiative de Paris sur le
changement climatique qui a été une des rares fois où tous les représentants du
monde entier se sont retrouvés et ont accepté qu’ils sont tous responsables,
chacun selon sa capacité, du changement climatique était donc raisonnable. Si
nos ancêtres, sans se concerter ont tous décidé de dompter la nature, il est
donc normal que ce monde civilisé d’aujourd’hui soit conscient qu’il peut mener
des actions qui peuvent permettre à l’humain de préserver cette nature dont il
a toujours besoin pour s’épanouir. Nous avons des puissances qui ont du
matériel comme la bombe nucléaire qui peut tout détruire en une fraction de
seconde. Si nous décidons ensemble de préserver cette nature, nous pouvons
aussi avoir ces moyens. Bien sûr que d’un pays à l’autre, il y a un
déséquilibre de capacités mais c’est quand même sur la même terre que nous
voulons tous vivre. Les catastrophes naturelles dues aux changements climatiques
n’ont pas de frontière. En Afrique, ce sont des sécheresses et des inondations
qui aggravent la famine et la pauvreté. Ailleurs ce sont des pluies et des
vents violents comme ceux qui ont commencé au Texas en faisant beaucoup de
morts et de dégâts matériels qui continuent à prendre l’autre partie du monde,
traumatisant les humains en détruisant leurs biens. Tout ceci montre que malgré
la puissance économique et d’armement, personne n’est épargné, pauvres comme
riches. Les engagements de Paris doivent donc être d’actualités sinon améliorés
mais ils ne sont pas à réduire car plus on met du temps, plus la situation
s’aggrave. Que les riches investissent donc plus pour aider les pauvres n’est
que normal parce qu’il ne faut pas que le pauvre dans sa survie soit toujours
obligé d’avoir comme moyen de survie seulement la nature. Cela suppose que les
guerres que les humains ont faites pour s’enrichir, ne soit plus provoquées. L’Organisation
des Nations Unies dans laquelle des talents capables de mener de telles
réflexions existent, doit rentrer dans l’histoire en s’appropriant ce sujet.
Nous gardons donc l’espoir que ce monde civilisé est capable de mener des
actions qui préservent l’humain et son environnement pour une prospérité qui ne
nuit à personne.
Ouagadougou, le 19
Septembre 2017
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de
l’Université de Gembloux,
BURKINA
FASO