Sur
ordre des 1ères autorités du pays, le Burkina Faso a entamé l’élaboration
d’une nouvelle constitution afin de passer à la 5ème république. À
cet effet, une commission constituée de représentants de la majorité au pouvoir,
de l’opposition politique, de la société civile, de juristes et de constitutionnalistes, a été mise en place. Nous pouvons nous féliciter de la composition
de cette commission car une nation, pour prospérer, a besoin d’une constitution
adaptée. Nous souhaitons donc une bonne collaboration et complémentarité entre
ces acteurs.
Au
village, un de mes grands-pères, a proposé un jour en conseil de famille, d’immoler
« sur les ancêtres », des porcs à la place des chèvres. En effet pour
lui, le porc a plus de viande ; ce qui permettrait à toute la famille
d’être bien servie. Un de ses conseillés a demandé si les ancêtres allaient
accepter le sang du porc. Mon grand-père dans sa réponse a dit que c’est la
cohésion entre eux les descendants que les ancêtres appréciaient ; que si
eux qui étaient vivants s’accordaient tous sincèrement pour remplacer le porc
par la chèvre, les ancêtres accepteraient leur offrande. Des images de cohésion
de ce genre existent dans toutes les religions. C’est donc valable pour le développement
et la paix sociale de tout un peuple.
Dans
la perspective d’une paix sociale durable, une commission de réconciliation
avait déjà été mise en place par la transition. Je trouve que
l’initiative était très bonne; je souhaite également plein succès à cette commission.
En effet, elle veut nous réconcilier sur le passé mais la constitution nous
prépare pour le futur en tirant leçon du passé. Au Burkina Faso, nous avons
déjà eu une journée nationale de pardon. La majorité de nos notables étaient
habillés entièrement en blanc; des pigeons blancs ont été lâchés pendant cette
journée décrétée en faveur du pardon entre fils et filles du Burkina. Mais en
2011, après les mutineries de l’armée, il y a eu un massacre inégalé des jeunes
revendicateurs à Bobo Dioulasso. Ce sang a entaché les boubous blancs portés
lors de la journée nationale du pardon passée ; les pigeons blancs ont
disparu. Ces massacres ont continué jusqu’en 2014 et tout le monde connait la
suite des faits.
Pour
qu’une nation avance, il faut des règles pour tous et leur respect par tout le
monde. La nouvelle constitution doit pouvoir mettre fin à l’hypocrisie. Par
ailleurs, l’insurrection et les élections ont montré que le pouvoir est donné
par le peuple; il doit désormais être exercé pour l’intérêt de l’ensemble du
peuple burkinabé et non pour un « noyau ».
En tant que citoyen
burkinabé
Ouagadougou, le 20 octobre 2016
François B. TRAORE
Agriculteur Burkinabé
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com
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