Le mercredi 22 janvier
2014, j’ai assisté à la conférence de presse du chef traditionnel Larlé Naaba Victor
TIENDRÉBÉOGO. Elle portait sur sa démission le 16 janvier 2014 des institutions
politiques. Il s’agit du CDP, de la FEDAP-BC et de l’Assemblée nationale. Sa démission faisait
suite à celle de trois grands ténors qui faisaient partie d’un groupe de soixante
quinze (75) personnes qui ont démissionné auparavant du CDP, le parti au
pouvoir.
Selon le Larlé Naaba,
il ne se retrouvait plus dans ces institutions en tant que chef traditionnel et homme politique qui doit toujours être du
côté du peuple. Hors une grande partie
du peuple burkinabè est contre la mise
en place du sénat et la modification de l’article 37 de la constitution. Le
groupe des soixante quinze (75) personnalités avait démissionné pour défendre la même cause.
Dès la démission de ces
soixante quinze (75) personnalités en début janvier 2014, le CDP s’est trouvé
menacé car les rumeurs faisaient croire que d’autres députés pourraient suivre.
La réaction du CDP à cette situation de crise interne a consisté à faire signer
tous ses députés pour qu’ils fassent allégeance au président du Faso. Cela me
fait poser une question. Au Burkina Faso, logiquement les députés sont votés sous
le couvert un parti politique par le peuple et pour le peuple. Mais, je ne sais pas pourquoi ces députés doivent
choisir de servir soit le peuple ou soit le président du Faso une fois qu’ils
sont élus.
Il semblerait également
que lorsqu’il fallait voter au sein du CDP pour le sénat avant l’appréciation de
l’Assemblée nationale, le CDP a refusé de voter à bulletin secret. Les votes
ont été faits à main levée car s’ils
devaient se faire à bulletin secret au sein des députés du CDP, c’était presque
sûr que la majorité des députés CDP n’allait pas voter en faveur de la mise en
place du sénat.
En rappel, après les
élections présidentielles de 2010 au Burkina Faso, quelques deux mois après, il
y a eu les mutineries des militaires. Dieu seul sait comment cela s’est terminé.
Le président du Faso était obligé de rencontrer toutes les couches de la société
pour prendre en compte leurs préoccupations. Avait-on donc empêché la
population burkinabè de parler de ses préoccupations lors de la campagne présidentielle
en 2010 ? Après les mutineries, ces rencontres du gouvernement burkinabè
avec les différentes couches de la population ont pris plus d’un an. En fin de
compte, le président du Faso s’est vu obligé de devenir le ministre de la défense.
De nos jours, les médias sont utilisés tous les jours pour demander au peuple burkinabé de faire
la paix. Nous savons tous que le peuple burkinabè est pacifique et cela ne date
pas d’aujourd’hui. Le 15 octobre 1987, le président Thomas SANKARA et ses
compagnons ont été assassiné. Par qui ? Nous ne savons pas. Nous avions
tous entendu à la radio nationale que la manière de diriger du président Thomas
SANKARA était autocratique. Suite à cet événement, le président Blaise COMPAORÉ
s’est engagé à diriger le pays.
Cet assassinat avait
fait des remous au sein de la population. Le président COMPAORÉ et ses
collaborateurs sont allés vers le peuple pour expliquer les faits et lui demander de se
calmer. D’autres événements non moins douloureux ont suivi. Ces mêmes
collaborateurs étaient là également pour calmer la population. Cela a conduit à
une grande journée nationale du pardon et le peuple a toujours su se calmer et se maîtriser.
En janvier 2014, soixante
quinze (75) des amis du président du Faso se sont arrêtés en se tournant vers
lui en lui disant de ne ni modifier l’article 37, ni mettre en place le sénat. Selon
eux, ils sont cette fois-ci au courant que le peuple n’est pas d’accord avant
l’action. Avant cette réaction des amis du président COMPAORÉ, le groupe de
l’opposition, la société civile, les religieux, les coutumiers, ont tous
manifesté leur opposition à ces deux sujets et qu’il faut surseoir à ces
projets.
La sensibilité de ce
groupe de démissionnaires du CDP à l’opinion du peuple peut se comprendre car face
à tous les sujets qui surprenaient le peuple, ils ont souvent été à côté du président Blaise COMPAORÉ pour
calmer la population afin qu’elle ne s’énerve
pas. Quand un sujet ne surprend pas, il n’y a pas de raison de ne pas s’arrêter.
C’est pourquoi ces démissionnaires se sont ralliés à l’opposition. Le succès de
la grande marche du 18 janvier 2014 était la preuve que l’opposition et les
démissionnaires qui l’ont rejoint, en plus du peuple, étaient du même avis. Et
une fois de plus le peuple a démontré qu’il est pacifique.
Depuis 2011 donc, le Burkina
Faso vit des conflits qui pourraient conduire le pays vers une grande crise sociale. Les deux
années restantes du mandat du président Blaise COMPAORÉ seront durs à vivre et
pour le pouvoir et pour la population. C’est l’occasion pour moi de demander au
président COMPAORÉ qui a prôné son
patriotisme depuis 1983 et qui a eu l’occasion de montrer de quoi il est
capable, de penser à se reposer. C’est vrai qu’à Kosyam le président s’assoit
sur un fauteuil. Mais, même si à Ziniaré il s’assiéra sur une chaise en bois,
il se reposerait pacifiquement.
Pour cela une
transition ne sera pas mauvaise pour permettre aux différents partis d’arrêter
la bagarre, de se positionner et d’avoir le temps d’éduquer le peuple. Nous
savons tous qu’il y a toujours eu des achats de conscience et des intimidations
pendant les différentes élections au Burkina Faso. Cela ne permet pas à un
peuple à majorité pauvre de s’exprimer librement. Cette mauvaise manière a même
influencé les structures de la société civile. A titre d’exemple, pour les
renouvellements des structures paysannes de nos jours au Burkina Faso, il y a
des achats de conscience. De cette manière on ne peut jamais avoir des vrais leaders.
J’invite tous les
partis politiques à cultiver tous le
patriotisme car le président Laurent GBAGBO avait dit que la présidence, c’est
un fauteuil, ce n’est pas un banc. Chacun doit se préparer à accepter cela dans
la mesure où tous les partis politiques ne pourront pas être au pouvoir au même
moment. En Afrique, la politique doit avoir comme action principale l‘éducation
et la conscientisation du peuple pour la prise en charge de sa destinée.
Je demande aux
institutions africaines de venir au secours au Burkina avant que la situation
ne dépasse cette étape, chose que je ne souhaite pas. J’ai foi que ces
institutions défendent la démocratie et cette démocratie doit permettre la
stabilité pour le peuple. A l’endroit de
l’opinion internationale, je pense qu’à l’étape actuelle, il est plus
facile et moins coûteux d’intervenir pour calmer la situation.
Quand je vois les
femmes, les hommes et les enfants centrafricains et soudanais fuir laisser leurs
maisons et leurs champs, j’ai peur que cela
ne nous arrive car j’ai plus d’une vingtaine de petits enfants et je ne suis
pas seul dans ce cas au Burkina Faso. Nous avons vécu tout proche de nous, la crise en Côte d’ivoire. Celle du Mali
n’est pas non plus terminée.
Selon le Larlé Naaba,
quand ça chauffe, certains peuvent amener leur famille à l’extérieur du pays en
avion. Lui en tant que chef traditionnel, il ne peut pas fuir ni expatrier sa
famille. Ce qui me rassure est que le peuple du Burkina Faso demeure pacifique.
Il appartient au président Blaise COMPAORÉ et aux partis politiques de mener
des actions qui engendrent la paix. Je sais que pour régner, il faut des Hommes
ayant une conscience tranquille. C’est cela qui peut nous faire émerger.
En tant que citoyen burkinabè.
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabè,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
Skype:dadilotbf52
(+226) 70 95 34
45
(+226) 78 50 16
25
BURKINA FASO