Sur
invitation du président François Hollande, une quarantaine de chefs d’États
africains se sont rendus le 06 décembre 2013 en France. Les échanges ont porté
sur la sécurité et la paix. Je sais que la situation actuelle notamment la guerre
au Mali, en Centrafrique et les différents mouvements d’insécurité en Afrique,
a influencé cette rencontre. Après plus de 50 ans d’indépendance, les
gouvernements africains ont démontré leur
limite à assurer la sécurité de leur population. C’est l’occasion pour moi de
dire merci à François Hollande et à la France pour ce qu’ils ont fait au Mali
et sont entrain de faire en Centrafrique.
Il
y a eu des engagements à cette rencontre de former et d’accompagner les armées
africaines. Cela m’amène à me poser la question qu’est-ce qu’on faisait réellement après les indépendances ?
Au Mali, on m’a dit qu’il y avait plus de 90 généraux. Cela veut dire qu’il y
avait une armée au Mali. En Centrafrique, le président Bozizé était un
militaire. Voilà donc un paradoxe !
Je
pense que la question de la paix et de la sécurité n’est pas que militaire.
C’est essentiellement une question de bonne gouvernance pour le développement. La paix ne peut être que le résultat du
passé et du présent. La bonne gouvernance doit permettre un partenariat
sincère pour la commercialisation des ressources africaines. Pour moi, les conflits entre religions, les guerres
tribales et ethniques sont de pures
fabrications de la mauvaise gouvernance et résultent de l’escroquerie sur les
ressources naturelles africaines.
Pour
ce qui est de la formation des militaires, j’ai chaque fois vu que les
rebellions ont été toujours plus fortes que les armées nationales. Je ne sais
pas où ces rebelles font leur formation et trouvent leur détermination. C’est
donc une question de patriotisme et de rigueur à mon avis. Par ailleurs, nos
armées nationales sont souvent formées contre le peuple et non pour le peuple.
Un
jour avant cette rencontre des chefs d’États africains avec l’Élysée, j’ai
suivi à la télévision des débats sur le développement. Le Rwanda était acclamé
en matière de développement. Tous les pays africains et européens reconnaissent
le progrès fait en quelques années au Rwanda si bien que le Rwanda est devenu
un lieu de pèlerinage pour contempler ce progrès. Je me demande alors s’il faut
que tous les pays africains passent par
un million de morts comme le Rwanda en a eu, pour prendre conscience que moins on investi dans le développement, plus on investi dans la
sécurité et vice-versa. Je crois qu’on n’en a pas besoin. L’Homme africain a
une capacité intellectuelle qui peut lui faire éviter cela.
Un
autre paradoxe est qu’après leur mauvaise gouvernance, les mauvais dirigeants trouvent
refuge en Europe sans difficulté d’obtention de visa alors que la jeunesse qui
subit cette mal gouvernance a des difficultés pour en avoir lorsqu’elle veut y
aller. Cette jeunesse africaine continue de mourir sur les côtes européennes.
La facilité d’accueil veut dire que le
refuge des mauvais dirigeants en Europe a souvent été longuement préparé.
La
philosophie et l’idéologie de la politique doivent changer radicalement en
Afrique et tous ses partenaires doivent désormais prendre cela en compte pour
ne pas jouer au pompier.
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16
25
BURKINA FASO
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