Délégué par le président,
j’ai représenté l’AProCA du 19 au 20 décembre 2013 à la 2e réunion
du Comité Consultatif Régional des Filières Agricoles au sein de l’espace UEMOA
à Ouagadougou. Depuis quelques années, l’UEMOA et ses pays membres ont choisi
un certain nombre de filières (Mais, Coton,
Riz, Aviculture, Bétail-viande) en vu d’accompagner les producteurs dans la
production et la commercialisation pour améliorer leurs revenus. Cette
rencontre a permis de faire le bilan de ce qui a pu être fait.
En matière
d’organisation, la filière coton a été citée comme la mieux structurée même si
à ce niveau il y a toujours des efforts à faire pour l’amélioration des
rendements et l’augmentation des revenus des producteurs. Les autres filières
ont quelques débuts de structuration ; tantôt c’est à partir des producteurs
à la base que ça commence, tantôt c’est à partir de certaines grandes structures
paysannes au niveau régional que ça commence pour descendre aux producteurs. Les États membres de l’UEMOA reconnaissent cet
état de fait tout en démontrant quelques efforts dans leur programme
d’activité, dans la fourniture de semences améliorées, engrais et matériel
agricole aux producteurs.
A mon avis, le choix de
ces filières a été une évolution parce qu’en matière de commerce, pour que l’Afrique
ait sa place dans cette mondialisation et dans l’Agriculture, il faut qu’elle puisse
produire et vendre à l’intérieur et au-delà du continent. Malheureusement depuis
le choix de ces filières, il n’y a pas eu suffisamment de progrès qui a amélioré
la commercialisation des produits agricoles. J’ai l’impression que les pays de
l’UEMOA pensent avoir le temps alors que moins on est organisé dans les filières,
plus on constitue le marché d’autres producteurs.
Pour moi, la meilleure
organisation d’une filière commence par la maîtrise de la bonne semence, la
mise en place d’un bon circuit d’approvisionnement en intrants (semence, engrais,
pesticides...) et en matériel agricole. Pour mieux vulgariser ces bonnes
semences, il faut avoir nécessairement une bonne structuration des acteurs à la
base. Cette bonne structuration facilite l’accompagnement technique et la commercialisation.
Pour la réussite de
cela, il faut que l’agriculteur à la base soit bien conscientisé pour son intérêt
à s’organiser et à une discipline de collaboration entre agriculteurs pour
respecter les règles. Cette discipline est également valable entre les
agriculteurs et leurs partenaires.
Les États doivent jouer
pleinement leur rôle d’accompagnement à cette structuration et éviter
la politisation de ces organisations de producteurs parce que les
régimes peuvent passés et les organisations restent. Quant à l’UEMOA, elle doit accompagner les
initiatives nationales d’organisation des filières et accorder une attention
particulière aux structures régionales de producteurs issues de ces organisations nationales.
Aussi, l’UEMOA doit
conscientiser ses États membres sur le fait qu’aucun pays africain ne pourra développer l‘Agriculture sans avoir une
statistique fiable de ses agriculteurs. Si vous posez la question sur le
nombre d’agriculteurs dans une filière donnée à un ministère de l’Agriculture
dans nos pays, il ne pourra pas vous répondre.
C’est cela qui fait que c’est les projets qui manipulent les plans
d’action dans nos pays.
Nous participons ainsi
à des modifications perpétuelles des orientations de l’Agriculture et cela nous
fait faire du surplace. Les progrès que les pays de l’UEMOA veulent atteindre
en Agriculture en choisissant d’accompagner ces filières ne se sentiront que
quand cela va augmenter le revenu du producteur à la base. D’ailleurs pour
maintenir la jeunesse dans le milieu rural, pour un vrai développement
régionale, il faut que le milieu rural s’enrichisse et que ces populations
rurales vivent décemment de leur travail.
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Président d’honneur de
l’AProCA,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail:dadilotbf52@yahoo.fr
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16
25
BURKINA FASO