J’ai assisté à une
conférence de presse organisée par OXFAM le 05 octobre 2013 à Ouagadougou dont
le thème était « où sont partis les 10%
du budget national que les chefs d’États africains s’étaient engagés à
Maputo pour développer l’Agriculture ? ». Cette conférence était Co-animée
par un représentant de l’administration, un député, des représentants
d’organisations paysannes et de la société civile Burkinabè.
Dans son introduction, le
représentant de l’administration a dit que le gouvernement Burkinabè a alloué jusqu’à
14% de son budget national à l’Agriculture pour appuyer la production animale
et végétale. Dans ce sens, il a été appuyé par le député. Selon ce dernier, les
parlementaires sont témoins de cet investissement et font de leur tâche quotidienne
la vérification réelle de l’utilisation de ces fonds dans l’Agriculture.
Quant aux représentants
des Agriculteurs, l’utilisation de ces 14% ne
se fait pas sentir dans l’amélioration de leur production et de leurs
revenus. Ils pensent que ces fonds sont consommés en majorité par
l’administration et non dans les investissements au niveau des Agriculteurs.
Quant à la ligue des consommateurs, ces investissements n’ont pas toujours permis
la disponibilité et la qualité de l’alimentation car nous assistons toujours à
l’importation de certains produits douteux que le consommateur dans la
recherche de survie, achète et consomme malgré lui. L’exemple de la bonne huile
de coton Burkinabè qui connait une mévente à cause des huiles importées
malheureusement très souvent de mauvaise qualité, a été cité.
Je pense que le droit à l’alimentation pour tous est un droit
universel. Cette alimentation doit se baser sur des produits adaptés aux
réalités de chaque terroir ; ce qui donne le droit à tout peuple de se
nourrir. Dans l’histoire de l’humanité, l’homme se nourrissait de fruits, de
plantes ou de viande qui se trouvaient autour de lui. C’est à partir de cela
qu’il a développé son ingéniosité dans l’Agriculture. C’est ce qui a également fait
que tous les peuples des pays modernes ont fait de leur priorité la production
de la nourriture pour leur peuple.
Par rapport à l’engagement
des chefs d’État africains d’allouer 10% de leurs budgets nationaux à l’Agriculture,
j’ai l’impression qu’ils se justifiaient et que ce n’était pas une priorité
pour eux. Dans ma compréhension, les 10% étaient
censés être le minimum de fond à accorder à l’Agriculture parce qu’avant
cela il n’y avait pas grand-chose. Pour un pays qui veut atteindre une
souveraineté alimentaire, il faut des investissements à court terme. Je pense
que le minimum de 10% devait concerner que le court terme. Les investissements
en infrastructures hydriques, énergétique, de désenclavement (routes) et en
matériel agricole doivent occuper une grande proportion des budgets nationaux comme
les américains et les européens l’on
fait pour faire décoller leur Agriculture.
Dans ce contexte, la tâche
des parlementaires est très importante. Ils sont censés être les représentants
du peuple et qui écoutent la population avant d’être députés. Les députés ne doivent pas se limiter à contrôler
l’action du gouvernement que sur du papier mais en revenant vers ce peuple pour voir le changement et la
satisfaction réelle de cette population. Ces députés ne doivent pas non plus justifier
que l’action de l’État mais la préoccupation quotidienne de la population. C’est cela qui peut aider
un gouvernement. Ce n’est que dans cette façon de travailler des députés qu’on
saura la vraie mesure des investissements sur le terrain. Un peuple qui à faim
ne peut pas faire de l’économie n’en parlons pas de développement.
C’est l’occasion pour
moi de me réjouir de la dernière rencontre de l’UEMOA au Sénégal qui a mis
l’accent sur le rôle des parlementaires dans la dénonciation de la corruption
et dans le suivi de la bonne gestion. En tant personne ayant participé à
plusieurs débats internationaux, j’ai toujours eu honte de parler d’un
continent dont près de 80% de la population est rurale, qui a l’espace cultivable
et qui n’arrive pas à se nourrir. Les chaines d’alimentation et les boutiques
sont bourrées de nourritures importées.
L’Afrique devrait
plutôt s’engager à refuser de la nourriture importée. Pourtant, il est possible
de refuser la nourriture venant de l’extérieure en investissant suffisamment là
il le faut pour augmenter la production nationale dans chaque pays africain. La
preuve est que tous les pays développés veulent acquérir de la terre en Afrique
parce qu’il y a de la place et de la facilité en Agriculture sur ce continent.
Je ne souhaite pas que les agriculteurs africains soient de simples
consommateurs et de simples ouvriers un jour. Les choses doivent changer en faveur
de la population et des Agriculteurs africains pour espérer aller au
développement.
TRAORE B. François,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail:dadilotbf52@yahoo.fr
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25
BURKINA FASO