Du 17 au 22 septembre 2012, j’étais à un atelier organisé par l’AProCA
à Cotonou. J’ai profité du dernier jour pour me rendre dans un centre de
formation appelé « centre Songhaï ». Le centre Songhaï à Porto-Novo,
selon mon guide de la visite, est l’initiative d’un religieux nigérian qui a fait
ses études aux Etats-Unis et qui est rentré diplômer en
électronique. Il a commencé par enseigner à l’université. Mais, pour
quelqu’un qui a vécu aux Etats-Unis où le maïs est cultivé pour nourrir les
animaux, il ne pouvait pas comprendre que malgré la fertilité des terres en
Afrique, nombreux sont les Africains
meurent de faim. Il a donc décidé de faire l’agriculture en 1985. Les autorités
béninoises ont accepté lui donner une surface à cultiver. Selon le même guide
il a rencontré des difficultés à ses débuts. Aujourd’hui, le centre de Porto-Novo
a évolué de cinq hectares de vingt deux. Il combine l’agriculture et l’élevage.
Le tableau recto verso de présentation des activités du centre Shanghai
La modernité de ce centre et sa réussite ne peuvent pas être décrites dans
ce document. Il faut le voir soi-même. De la production en passant par la transformation
jusqu’à la commercialisation, tout se fait dans ce centre. Par exemple, le maïs
et le soja sont cultivés pour l’élevage. Les bœufs et la volaille sont bien
nourris par les céréales et leurs résidus. Il élève également des
poissons. Les déchets d’animaux sont également utilisés pour enrichir le champ
à travers le compostage. Les poissons élevés sont réutilisés comme
aliment bétail. L’eau qu’il utilise pour faire cette pisciculture est tout
simplement l’eau qu’il a canalisée jusqu'à l’endroit le plus bas du champ où
elle est stockée. Il a juste une manière d’entretenir l’eau pour qu’elle soit
favorable aux poissons.
Les machines servant aux différentes transformations des produits agricoles
sont toutes fabriquées sur place et adaptées aux besoins. C’est vraiment un
centre qui démontre que l’agriculture et l’élevage sont liés. La transformation
après la production est essentielle pour mieux valoriser l’agriculture. Sur les
22 ha, il emploie près de 100 personnes. La rentabilité des 22 ha permet de
couvrir les salaires des travailleurs selon le guide. Le centre Songhaï me renforce
dans mon projet de création d’un centre de formation qui a commencé par
l’implantation d’une ferme agricole à Marabagasso dans le Houet au Burkina Faso.
J’ai vu un exemple qui m’a vraiment épaté ; j’ai aussi compris que
c’est la volonté et la détermination qui a fait cette réussite. Le guide m’a
dit que deux autres centres sont ouverts au Bénin après celui de Porto-Novo et
couvrent une superficie d’environ 500 ha.
Etant originaire du Nigeria, il vient d’avoir 1000 ha dans son pays pour
ouvrir un centre parce qu’il a fait ses preuves au Bénin. Aujourd’hui, le
centre de Porto-Novo reçoit les stagiaires de tous les pays voisins. Un
professeur en électronique qui fait réussir l’un des centres agricoles les plus
performants en Afrique, montre que son patriotisme qui a permis la mobilité de
métier, a prouvé que ses parents africains peuvent se nourrir eux-mêmes, est un
pari réussi. Si je constate que nous avons en Afrique des ingénieurs agronomes,
des ingénieurs en élevage, la question que je me pose est la
suivante « qu’est-ce qui
manque à ces diplômés du domaine »? Sur ce
centre, il y a de la production 365 jours/365 et l’Afrique est un des rares
continents où on peut faire cela pare ce que nous n’avons pas de neige comme
les Pays-Bas et le Canada. La neige empêche ces pays à un moment donné de l’année
de produire.
Quand je sortais du centre Songhaï, je ne pouvais pas expliquer pourquoi
l’Afrique importe à manger. Ce religieux africain a des promotionnaires hommes
comme femmes en Afrique. Mais leur grande différence est que l’œuvre
du fondateur de Songhaï lui permet de se faire connaître et permet d’améliorer
les conditions de vie d’autres personnes. Je me rends compte aussi que quand on
va dans les conférences et que les gens se présentent en citant leurs diplômes,
c’est peut être parce qu’ils n’ont pas d’œuvres en référence. Si ce monsieur
veut se présenter lors d’une conférence, il suffit qu’il dise qu’il
est le fondateur du centre Songhaï. En effet, ce centre constitue une référence
de grande réussite dans la sous région. Il a démontré que des hommes africains
qui peuvent faire réussir l’agriculture existent. Pourquoi les politiciens ne
s’entourent-ils pas de ces personnes?
Ouagadougou, le 04 octobre 2012
TRAORE
B. François,
www.francoistraore.blogspot.com
Président
d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa.
(+226)
70 95 34 45/ (+226) 78 50 16 25
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