J'ai été heureux d'apprendre la remise le 16 juillet
2019 de vingt-six (26) tracteurs agricoles par le Ministre en charge de
l’agriculture au Président de la Chambre Nationale d'Agriculture (CNA) pour
treize (13) régions. C'est une bonne opération sauf que c'est la période qui
m'intrique un peu. Car non seulement, les possibilités de travailler avec le
tracteur à partir de mi-juillet sont assez réduites mais aussi on ne peut plus rattraper
le mois de juin 2019 pour accélérer la mise en place des principales cultures
avec ces tracteurs nouvellement acquis. Le tracteur devrait permettre de
profiter au maximum du peu de pluies enregistrées entre mai et juin parce qu’il
est plus rapide que les animaux de trait. Si j'ai un conseil à donner, j'aurai souhaité
que l'opération soit menée plutôt. À titre d'exemple, le Conseil régional de
Dédougou a donné quatre (4) tracteurs à des Groupements de producteurs au bon
moment en 2018. Un des Groupements que j'ai suivis a labouré pour ses membres
plus de 100 hectares. Le Conseil régional de Bobo a fait la même opération
cette année 2019 et l'information que j'ai avec un des Groupements bénéficiaires,
est qu’ils sont à plus de 100 hectares labourés pour ses membres malgré la
rareté des pluies. En plus de cela j'ai des inquiétudes sur comment ça sera
attribué dans les Régions pour travailler. Ça serait souhaitable que ces
tracteurs soient remis à des groupements ou associations bien préparés car
selon mes expériences, le tracteur ne doit pas faire plus de 20 km pour aller labourer.
A mon avis, la distance recommandée ne doit pas dépasser 5 km. Un comité
restreint doit être mis en place pour la gestion du tracteur ensemble avec les
conducteurs. J'ai eu mon premier tracteur depuis 1986 donc je sais quoi de je parle.
Sur le plan de l’appui conseil aux producteurs et de
la vulgarisation des nouvelles technologies agricoles, j'ai été étonné tout récemment
d'apprendre qu'il y a plus de 1000 hectares de terres cultivables à Matourkou
et du matériel agricole mais lors de la formation des techniciens et cadres du
ministère de l’agriculture, on les utilise très peu. Un élément d'une des
promotions m'a dit qu’eux, ils ont été obligés de cotiser et négocier une
parcelle pour pouvoir faire un champ commun expérimental. Ils n'ont pas eu facilement
accès au matériel agricole du Centre de formation et à la parcelle. Pourtant
c'est grâce à ces champs expérimentaux et de démonstrations que certains parmi
eux qui ne sont pas fils de paysans, ont su comment on sème de façon pratique, une
graine. Est-ce que ça veut dire que l'utilisation du matériel agricole ne fait partie
de leur formation ? Le restaurent du Centre agricole polyvalent de Matourkou
doit-il continuer à être alimenter par des légumes et des céréales venues d’ailleurs ?
Si tel est le cas, je me demande si ce ne sont pas des techniciens de salles de
conférences que nous sommes en train de former.
Les difficultés que je vois dans certaines
Associations ou Groupements agricoles me poussent à dire que l'accompagnement
dans les groupements n'est pas aussi maîtriser. J'ai dirigé un groupement
villageois depuis 1982. Dans ce domaine, je suis également un vieux routier.
Ces groupements et associations ne peuvent pas marcher sans une bonne éducation
sinon on fabriquerait des structures qui gèrent mal et qui ne sont pas crédibles.
Pourtant ces structurations sont incontournables pour le développement du
secteur agricole. Dans la quête
de maitrise de l’eau à la parcelle, j’ai été contre le modèle de projet irrigation
de la filière coton. Même si les bassins de collecte des eaux de ruissellement
tel que proposés étaient réalisés partout pour les producteurs de coton, ce modèle
proposé ne pouvait pas être utile pour les cotonculteurs cette année avec la rareté
des pluies observée au démarrage de la campagne dans la majorité des zones. Or
un projet doit offrir à ses bénéficiaires, des solutions adaptées et qui respectent
l’environnement. Tout compte fait, je garde espoir.
Ouagadougou, le 20 juillet 2019
En tant que vétéran agricole
TRAORE B. François
Agriculteur burkinabé
Docteur Honoris Causa de l’Université de Gembloux